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Crocs et ongles

par Ali Brahimi

Le secrétaire général de la Ligue arabe a déclaré la veille de la rencontre des ministres arabes aux Affaires étrangères consacrée au problème syrien, que ladite organisation ne possède ni griffes ni canines, en termes de moyens dissuasifs, afin qu'elle puisse concrètement intervenir dans des conflits entre les peuples arabes et certains despotes sous-estimant les futurs impacts de leurs inconséquences.

La réunion de jeudi passé, ci-dessus mentionnée, faisant suite à d'autres rencontres en l'espèce, avait prévue d'envoyer une importante délégation des pays arabes afin de s'enquérir et d'agir autour de ce qui est en train de se dérouler en Syrie. Cette tournée avait, également, pour principal objectif de trouver les voies et moyens d'un arrangement conséquent en vue de mettre fin à ce bras de fer, qui persiste depuis plus de 8 mois, entre manifestants et conglomérat paramilitaire répressif. En effet, après des semaines de fuite en avant comme à son habitude, le pouvoir Syrien accepte d'accueillir cette mission de bons offices mais avec une multitude de conditions draconiennes. Malgré cela, il a finalement refusé de recevoir les représentants de la Ligue Arabe qui s'est contentée, lors de la réunion du Dimanche écoulé, des sanctions économiques a l'encontre du régime Syrien. Le lendemain, ils ont été relayés par les pays de l'Union Européenne qui ont été les premiers à montrer ce chemin et qu'ils avaient déjà pris des décisions en ce sens dés le début des massacres commis par une meute à la solde du Baath.

A propos de ces sanctions, il serait utile de noter que les échanges économiques et commerciaux, de la Syrie avec les pays de la ligue en compagnie de la Turquie, sont évalués à plus de 50% du volume global de ses flux financiers externes. Ce qui est important Il reste à savoir si cela va avoir un impact déterminent et, surtout, faire plier un régime le plus rigide voire absurde du monde arabe.

En gros, l'embargo voté par 19 contre 2 (Liban et l'Irak), comporte une série de sanctions dont principalement le gel des avoirs bancaires de quelques magnats de l'import/export, liés d'une façon ou d'une autre au pouvoir politico-militaire en place, ainsi que le trafic aérien et le voyage des responsables ciblés?etc.

Néanmoins, ce blocus léserait quelques composantes aisées du peuple Syrien, dont une grande partie vive déjà dans des conditions précaires, au lieu du régime lui-même puisque celui-ci n'en fait cure de ces actes de rétorsions. Au contraire, du moment que des pays la laisse faire l'autruche et tuer en toute impunité, c'est ça qui l'intéresse davantage. Plus que l'argent du monde et l'intérêt du peuple. Syrien écrasé, avili au rang le plus bas de l'humanité.

En effet, des jeunes ont été obligé d'aboyer et beugler, sous les pires sévices, médiatisés de surcroît : « Non ! On n'est pas des animaux », crient les jeunes Syriens échappés. Seigneur ! Que c'est terrible le pouvoir dictatorial En attendant l'implosion de celui Syrien, il serait utile de discerner a travers ce vote au sein de la ligue arabe, ci-dessus mentionné, que c'est la Russie et la Chine, se sentant piégées, qui vont jouer gros dans cette affaire dans le cas ou elles vont persévérer a soutenir le jeu du régime Syrien lui même pris dans son propre traquenard de toutes parts.

A ce propos, le ministre Syrien des affaires étrangères avait qualifié la décision, de la Ligue Arabe, de fermeture définitive des fenêtres en vue de régler la crise Syrienne. Au fait, qui a fermé la porte de la maison au début de la révolution des jeunes générations syriennes? Et, finalement, opter, en faveur de la voie démocratique, après plus d'un demi-siècle de calfeutrage de toutes les ouvertures en ce sens. Qui ? En plus, ledit ministre n'avait point hésité d'ajouter que la Ligue Arabe ne veut pas admettre que la Syrie est attaquée par le terrorisme. Il faut oser le dire ! Ainsi, une forte proportion du peuple est terroriste. En vain, les carottes sont cuites, puisque tout le monde est au courant de ce qui se passe. En effet, pour quelle raison les terroristes ne tuent nullement les gens affichant leur soutien à ce régime soi-disant anti-terroriste ? Ses semblables ont essayé ce subterfuge. Vainement ! A l'évidence, les dictatures raisonnent autrement que le commun des citoyens. Donc, il faudrait frapper fort, à la porte de la dictature Syrienne, afin de faire déménager ce régime s'autoproclamant dépositaire de la « dignité » du monde arabe. En vérité, il use et abuse, depuis belle lurette, a vu de sa position géostratégique par rapport a Israël, de cette argumentation qui ne tient plus debout, aux temps actuels, puisque une grande partie du peuple Syrien le sait et, a partir de la, sortira victorieux, tôt ou tard et d'une façon ou d'une autre, de cette lutte sans merci.

En outre, il serait utile de rappeler que cette ligue panarabe qu'elle soit unie ou fractionnée a prouvé ses limites du fait de ses nombreuses hésitations et tergiversations voire complicités tacites de quelques pays arabes ajournant, comptent-ils imbécilement, le jugement de l'Histoire préférant, par voie de conséquence, faire directement des crocs aux jambes fatidiques aux dictateurs.

Ainsi, au vu de ses procédés utilisés a ce jour, elle est manifestement impuissante d'organiser ses rangs et d'intervenir énergiquement a moins qu'elle fasse appel, comme avant, aux organisations internationales dont principalement le conseil de sécurité de l'ONU qui n'est pas tellement chaud jusqu'à une certaine limite, puisque dés sa constitution, le 22 Mars 1947, elle représentait beaucoup plus les intérêts des régimes arabes en place liés, d'une façon ou d'une autre, aux rapports de force géostratégiques et sécuritaires a l'avantage d'Israël et ses protecteurs qu'a celui des peuples arabes, encore moins de leurs dirigeants, gavés au panarabisme sénile dont, heureusement, quelques-uns de ces pays sont en train, ces derniers temps, de mettre sur pied difficilement certes le pouvoir effectif des peuples féconds, par le biais des révolutions en cours, a la place de l'autorité des dictateurs déterminés pour leur part, contre vents et marées, d'ailler jusqu'au bout de leur « logique criminelle » et, la preuve, s'engouffrent têtes baissées dans les non-sens ne menant qu'aux impasses. Donc, jusqu ?a ces derniers temps, cette ligue avait couverte les multiples excentricités des despotes arabes grabataires qui ont donné l'impression, au départ de ces soulèvements inédits, qu'ils ont été ébahis voire confus face a ces colères cumulées de la part des anciennes générations, et, donc, ces autocrates imbues, de leur vieille expérience dépassée, sont en train de récolter ce qu'ils ont semer pendant des décennies et, par conséquent, n'ont d'autres moyens que de mentirent ou faire la sourde oreille et continuent à l'aveuglette d'intensifier la répression et multiplier la diversion devant ce gigantesque mouvement contestataire manifesté, durant toute l'année 2011 et, vraisemblablement, se poursuivre en 2012 puisque les nouvelles générations, de certains pays arabes, sont décidées de ne plus être le dindon de la farce car elles se retrouvent définitivement conscientes des enjeux et défis de leur époque .Ce qui nécessite, a l'évidence, de posséder des gros crocs et ongles acérés en termes de défense et protection des acquis arrachés ( a coup de griffes ) à ce jour et, subséquemment, ceux des générations d'avenir. A ce dernier propos, l'actualité de la semaine demeure constamment dominée par les événements en cours dans le monde arabe en train de remonter son Histoire A l'évidence, le retour des anciens fantasmes de la période ottomane, est notable dans les transformations engagées notamment depuis le début de l'année chez quelques pays de la rive sud de la méditerranée. Cette sorte de résurrection est motivée par la période de la colonisation poursuivie dans le cadre des nationalismes indépendantistes.

En clair, l'islam politique s'autoproclament protecteur des identités nationales -(a l'image du protectorat turc), est de retour puisque il existe déjà le socle (en fait le dégoût des populations arabes a l'encontre des dirigeants actuels) pour sa régénération. Durant la période coloniale on disait : meilleur était le temps des enfants turcs (période ottoman éclipsée après la deuxième guerre mondiale) ou bien celui du Maréchal juin (en référence a la France coloniale), par rapport aux gouvernants nationaux. Alors que l'ensemble possédait des griffes et des ongles qui ont lacéré l'existence des peuples.Ensuite, un autre sujet mérité qu'on l'aborde du fait de sa relation sociologique et dialectique avec ce qui vient d'être relaté ci dessus. Il s'agit de la Femme, dont nous venons de fêter la journée contre les violences a son encontre, et sa place dans la maturité des consciences intergénérationnelles ainsi prédisposées psychologiquement, grâce a la Femme et son éducation pertinente des enfants, des adolescents, capables de révolutionner leur situation et celle de leurs proches et, a partir de la, de l'ensemble de la société

A ce sujet, ne dit-on pas que la Femme est l'avenir du genre humain ? Et encore : Derrière chaque Homme puissant, il y a une mère, l'épouse?.. Et, hélas, osons ajouter, tant d'autres démonstrations (À l'image des pays marchant d'une seule jambe) dans le sens inverse. Dans tous les cas de figure, la Femme est là avec toutes ses splendeurs et faiblesses. Pourtant, nantie de ses ongles et canines en termes de prévoyance et prévenance et, surtout, d'inflexibilités raisonnables, elle pourrait alors faire des miracles a condition toutefois, nous semble-t-il, qu'elle utilise ses moyens à bon escient dans tous les domaines, politique, médiatique (quelques soient toutes les embûches et fausses notes en termes de libertés), économique, social, culturel?. Enfin tout !



En attendant, rendons Hommage à la Femme Syrienne, exilée au Liban et ailleurs avec sa famille ou résidente en Syrie, face a une dictature féroce rencontrée également chez quelques dirigeants arabes heureusement de moins en moins nombreux du fait que les peuples commencent à se réveiller d'un long sommeil. Espérons, qu'a l'aurore de la nuit, ils auront plus de griffes et des crocs en termes de défense de leurs droits aux Libertés et à la pratique de la Démocratie. Un rêve ? Non, c'est possible, puisque la vie est en elle-même un songe, une ambition tenace. La réalité, telle que présentée dans les relations politiques internationales, est souvent truffée de mensonges !!!