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A deux semaines de l'Aïd El Adha: Le décor est planté

par J. Boukraâ

A deux semaines de l'Aïd El Adha, les commerçants «saisonniers» investissent déjà les rues et les artères de la ville d'Oran.

Ils proposent, depuis quelques jours déjà, toutes sortes de produits en rapport avec le rituel du sacrifice de l'Aïd El Adha. Les ruelles marchandes et les marchés de la ville d'Oran foisonnent de jeunes et de moins jeunes spécialisés chacun dans un créneau. A M'dina Jdia, à la rue Maupas (Saint Eugène), au marché de la rue de la Bastille et autres coins de la ville, ces jeunes exposent leurs marchandises, essentiellement du charbon, des couteaux, des barbecues traditionnels (brasero), entre autres. Si certains d'entre eux ont jeté leur dévolu sur la vente de charbon, d'autres proposent tout l'attirail du parfait boucher ou «égorgeur de mouton», c'est selon, avec la gamme complète de coutellerie et des accessoires indispensables au sacrifice. Une troisième catégorie s'est reconvertie, pour cadrer avec l'évènement, en apprentis rémouleurs, très sollicités d'ailleurs par les citoyens désireux d'accomplir eux-mêmes ce rituel.

Selon les vendeurs et certaines ménagères, les prix des produits ont connu une hausse par rapport à l'année dernière. Cette hausse varie entre 15 et 25 dinars pour les couteaux, 10 et 15 dinars pour le charbon et entre 50 et 100 dinars pour les barbecues. A l'instar de toutes les autres fêtes religieuses et occasions sociales, l'Aïd El Adha se révèle être une vraie aubaine pour les vendeurs occasionnels qui squattent les artères des villes et villages et font, une fois de plus, la démonstration de leur capacité à se reconvertir dans les créneaux du jour en anticipant opportunément les bonnes occasions. De circonstance certes, mais aux dividendes garantis. Et comme chaque année, à l'approche de l'Aïd El Adha, des troupeaux de moutons sont parqués dans des terrains vagues transformés, à l'occasion, en marchés de bétails. Il y a quelques jours déjà, certaines communes et localités, comme Ain El Beida, Sidi El Bachir, Sidi Chahmi, sont devenues les lieux de prédilection de certains maquignons venus des wilayas de l'intérieur.

De son côté, la direction des services agricoles d'Oran vient d'annoncer la mise en place d'un programme de contrôle et de sensibilisation contre les maladies affectant le cheptel ovin, en prévision de l'Aïd El Adha. Des campagnes de sensibilisation seront organisées dans les prochains jours en direction des citoyens, les orientant à l'achat de moutons dans des endroits appropriés tout en garantissant la gratuité du contrôle vétérinaire et les appelant à faire preuve de prudence et à suivre les mesures sanitaires lors de l'achat dans d'autres lieux. En dehors de la vaccination du bétail, les mêmes services se chargeront également de sensibiliser les éleveurs sur l'importance de la prévention contre les maladies, telles que le kyste hydatique. Et comme chaque année, à l'approche de l'Aïd El Adha, les pères de familles, qui ne prêtent aucune attention à cette question durant le reste de l'année, commencent à s'y intéresser de plus près, à mesure que l'échéance de l'achat approche, avec la certitude qu'il n'y a aucune inquiétude à se faire concernant l'offre.

En effet, un petit tour effectué aux abattoirs de la wilaya d'Oran peut renseigner sur le peu d'engouement manifesté jusqu'à maintenant par les acheteurs. Le visiteur des lieux peut d'emblée faire un premier constat. Hormis les bouchers et ceux rares qui doivent célébrer une fête de mariage, les acheteurs se comptent sur les doigts des mains. Interrogés sur les prix attendus, les quelques potentiels acheteurs rencontrés sur les lieux précisent que, relativement à l'année dernière, une hausse de l'ordre de 5.000 à 7.000 dinars par tête est à prévoir, en l'occurrence un prix moyen de 30.000 à 35.000 dinars le mouton?moyen. Mais il y a aussi des moutons qui atteignent les 40.000 dinars, voire davantage. Signalons que la direction des services agricoles de la wilaya a désigné une cinquantaine de points de vente de cheptel. Ces points ont été fixés dans le but de pallier les problèmes d'hygiène pour la préservation de la santé des consommateurs en cette occasion.

Le retard du projet de réalisation d'un marché de bétail prévu par la tutelle n'arrange en rien cette situation. Les professionnels locaux estiment pour leur part que, faute de ces infrastructures qui auraient pu faciliter la régulation du marché et minimiser la portée de la spéculation sur les prix, les parasites (spéculateurs) infestent les marchés et comme à l'accoutumée, des maquignons, piétinant toute règle hygiénique et citadine, ont élu domicile dans le tissu urbain et ce, au su et au vu de tous et même des services concernés. Leur but est de se rapprocher encore plus du citoyen, mais en imposant des prix souvent peu négociables. Cependant, les riverains outrés par cette situation récurrente pointent du doigt certains propriétaires qui louent leurs garages ou leurs jardins à ces revendeurs qui ne se manifestent qu'avant cette fête religieuse. Or, selon les services du commerce et les services vétérinaires de la direction de l'Agriculture, toute vente de cheptel en dehors des espaces fixés ou aux abattoirs est strictement interdite.