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Conférence des redresseurs du FLN: Une feuille de route pour baliser les réformes

par Moncef Wafi

La conférence nationale des cadres tenue, jeudi dernier, à la salle des fêtes «Les Crêtes» à Draria, par le Mouvement national de redressement et d'authenticité, pour débattre des réformes politiques promises par le président de la République, est une véritable «feuille de route» des redresseurs du FLN. Selon Salah Goudjil, coordinateur du mouvement de redressement et l'un des historiques de l'ex-parti unique, ils étaient quelque 500 participants, venus de toutes les mouhafadas du pays, à avoir participé à cette conférence où il était question des réformes politiques. Joint par téléphone, Salah Goudjil, évoquera des tentatives avérées de court-circuiter la rencontre mais qui n'ont, à aucun moment, perturbé la bonne tenue des travaux. Quant à la présence présumée du fils de Belkhadem aux alentours, il dira ne pas l'avoir vu. «Notre rencontre a été autorisée par le ministère de l'Intérieur», expliquera-t-il.

A propos du contenu de la conférence nationale, le coordinateur du Mouvement reviendra sur les principaux axes retenus, les scindant en deux parties. Les lois à débattre à l'APN et la révision de la constitution, l'épine dorsale du prochain programme électoral du parti. Adhérent aux réformes du gouvernement, M. Goudjil a estimé que la priorité doit être accordée à la révision de la constitution avant les autres lois organiques, en plaidant pour l'instauration d'une «commission nationale compétente, intègre et neutre, composée de spécialistes, avec l'implication des acteurs-clés de la société».

Le mouvement souligne l'impérative séparation des pouvoirs et la nécessité de consolider et de promouvoir les libertés individuelles et collectives, comme tiendra à le souligner notre interlocuteur pour qui le dernier mot revient au peuple. Mais force est de reconnaître que les propositions du Mouvement tendent vers un parlement fort sans toutefois rogner sur toutes les prérogatives du président. «Un régime ni présidentiel, ni parlementaire», rappellera M. Goudjil qui préconise plutôt une alternative donnant plus de poids au Conseil constitutionnel qui doit, selon lui, jouer un rôle plus prépondérant et annoncer l'incapacité du président de la République de poursuivre l'accomplissement de ses missions pour cause d'invalidité ou de maladie et ce, suite à un vote à la majorité de ses membres.

Les propositions concernant le Conseil constitutionnel ont été axées sur son impérative indépendance, le renforcement de ses attributions, la révision de sa composante et l'élargissement des prérogatives de sa saisine au chef du gouvernement et à certains députés et représentants actifs de la société civile.

Quant au mandat présidentiel, le Mouvement plaide pour un mandat présidentiel de quatre ans reconductible une seule fois. Pourquoi quatre ans ? Notre interlocuteur dit se baser sur le mandat parlementaire qui, lui, est de cinq ans, «si le nouveau président n'a pas la majorité à l'assemblée, il peut alors dissoudre le parlement et appeler à de nouvelles élections», un peu à l'image de ce qui se fait en France. Il propose également que le président de la République prononce, une fois par an, un discours devant le Parlement qui doit aussi désigner les membres du gouvernement. La responsabilité du chef du gouvernement doit également être avérée devant le parlement qui doit l'auditionner chaque semaine, sur les questions de l'heure. Concernant le nomadisme politique, le Mouvement s'inscrit en faux contre cette pratique devenue monnaie courante et préconise, au lieu de le destituer de son mandat parlementaire comme cela a été suggéré, que le député qui quitte sa formation politique d'origine, ne soit pas en mesure de rejoindre un autre parti mais doit émarger au niveau des «non-inscrits» à l'APN.

M. Goudjil sera encore plus ferme à propos de ceux qui ont été impliqués dans la tragédie nationale. «C'est clair pour nous, ces gens sont interdits de pratique politique».

Quant au pouvoir judiciaire, les propositions ont été axées sur la révision de la composante du Conseil supérieur de la magistrature afin d'en «consolider l'indépendance».

Le mouvement national de redressement et d'authenticité préconise également la création d'une instance nationale «indépendante et permanente» dont les membres seront désignés par le président de la République pour lui présenter ses rapports.

Le mouvement met l'accent sur l'importance du pouvoir judiciaire dans le processus électoral, précisant que le rôle de l'Administration doit se limiter uniquement à l'aspect logistique. Quant à la représentativité de la femme aux assemblées élues, M. Goudjil soulignera la complexité du problème, en affirmant que le mouvement s'en tient au taux fixé par la loi.

Quant à la démission des ministres, il dira qu'elle coule de source puisqu'ils font partie d'un gouvernement qui va mener ces réformes alors qu'à propos du litige qui existe entre Ziari et Ould Kablia, il dira que c'est un problème de programmation et que le parti doit être prêt pour 2012.