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Béni-saf: L'Aïd, une autre épreuve

par Mohamed Bensafi

Le Ramadan tire à sa fin et l'Aïd El-Fitr est depuis bien longtemps dans l'esprit de la majorité des familles.

A quelques jours seulement de cet important événement religieux, les magasins et les places populaires grouillent de monde. Le coup est dur à encaisser pour toutes ces familles ayant vécu au-dessus de leurs moyens pendant tout ce mois sacré. Aplati par des dépenses démesurées en nourriture et convoitises, le porte-monnaie familial en a pris un sacré coup en ce mois de Ramadan. Affligés, tous les chefs de famille craignent cette autre épreuve, celle de l'achat des habits neufs aux enfants. Car habiller un enfant revient souvent assez cher, surtout lorsqu'on se permet le luxe d'offrir à son enfant des habits de bonne qualité. Une dépense supplémentaire à laquelle il faudrait ajouter les produits nécessaires à la confection des confiseries et autres gourmandises pour célébrer cette fête. Et tous ces hommes et femmes semblent tous plongés dans cette angoisse, l'angoisse de dépenser encore. Et quand le budget est déjà laminé, il y a de quoi réfléchir par deux fois avant d'acheter. Les parents dont la bourse a tant bien que mal tenu bon iront sans doute faire leurs achats dans les boutiques bien achalandées de la ville. Les autres, dont le pouvoir d'achat est amoindri, les affaires sont surtout dans les souks populaires. Ces lieux qui, à l'approche de l'événement, fourmillent chaque jour plus, et où beaucoup de gens trouvent le mieux leurs comptes. Chez les commerçants, la concurrence est terrible et chez les acheteurs, trouver moins cher est le plus recherché. Certes, la contrefaçon est d'enjeu, mais le plus important c'est d'apporter la joie aux enfants. Durant la journée, les boutiques sont moins animées. La plupart des hommes passent, à la fin du travail, au souk avant, chaleur oblige, l'inévitable sieste. Les femmes, quant à elles, sont à la maison, retenues par leurs obligations ménagères. Alors c'est forcément en soirée, fraîcheur nocturne oblige, que les familles sortent pour effectuer les achats des habits. Mais c'est surtout après la prière des taraouih que les magasins rouvrent leurs portes. Les artères principales du centre-ville sont dès lors envahies par une innombrable foule. Certaines familles sont là pour effectuer leurs premiers achats, d'autres pour acheter encore ou peut-être si l'on n'a pas oublié quelque chose. Et dans la marée humaine qui se déverse sans cesse dans les boutiques, c'est la gent féminine qui prédomine, les enfants aussi, histoire de faire les essais sur place. Les femmes sont sans doute plus douées que les hommes pour gérer les situations de crise. Témoin, cette grand-mère qui assume sans complexe: «J'achète pour mes petits-enfants, car mon fils a horreur de ça». Les uns sont à la recherche d'une taille ou d'une pointure unique ou rare, les autres n'ont pas encore trouvé ce qui leur convient. Mais il y a surtout ceux qui n'ont pas encore acheté, ceux-là hésitent ou attendent les tout derniers instants pour espérer un quelconque rabais des prix. Et c'est l'occasion de faire le plein, avant la longue traversée du désert, pour tous ces commerçants qui affichent souvent une fermeté des prix. Ces derniers savent suivre le filon de la tendance qui s'est ancrée chez les familles qui consiste à acquérir les habits durant la dernière décade du mois sacré. On y trouve de tout, vêtements pour enfants, pour bébés, pour femmes, souliers, bâdiyâte, liquettes, jupes, robes uniques ou classiques, layette... Et à voir toutes ces étiquettes «made in», on a l'impression que toutes les marques du monde s'y trouvent. Mais c'est souvent la chinoise qui l'emporte en raison des bas prix affichés. A titre indicatif, un habit pour fillette «made in Turkey» est difficilement cédé à moins de 3.000 DA alors qu'à côté, le même vêtement mais «made in China», est à moitié prix. Mais, en toute honnêteté, entre les deux qualités, il y a tout un monde. Cependant, une chose est certaine, les parents ont déjà en tête qu'ils doivent faire «d'une pierre deux coups». Les vêtements de l'Aïd seront forcément portés pour la rentrée des classes qui s'ouvre à peine 10 jours plus tard, a laissé entendre un chef de famille rencontré devant une boutique.