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«
Le patron, c'est lui, pas moi» a dit un jour, en substance, le ministre algérien
des Affaires étrangères sur le plateau d'une chaîne TV française. Il parlait de
Abdelaziz Bouteflika et du vrai centre de décision
pour notre politique des AE. « Lui », c'est donc aussi un super ministre et un
Président mais aussi des humeurs, des nostalgies, des anciennes amitiés, des
rancunes d'autrefois, des calculs de mémoire et des souvenirs tenaces. C'est
par ce registre qu'il faut s'expliquer la politique des AE algériennes et sa
lente décadence vers l'incohérence. Le centre de décision est flou et n'obéit
pas à une vision du monde, d'intérêts nationaux et d'ambitions collectives. Il
obéit à une subjectivité. C'est ce qui peut expliquer pourquoi nous sommes
passés d'acteurs valables sur la scène internationale et régionale, à la
nationalité de lointains habitants de l'antarctique. La révolution libyenne est
en train de devenir une honte nationale pour nous. Le drapeau de la nouvelle
Libye flotte déjà à Alger alors que le régime national ne reconnaît pas encore
le CNT. Pire encore, l'ambassade algérienne a été attaquée à Tripoli et vidée, annonçant
déjà ce que seront les relations entre l'Algérie officielle et le nouveau
voisin. Medelci, dans le cadre de la doctrine de
l'autruche, a même eu ce geste comique de demander la protection de l'ONU. On a
fait du chemin donc depuis le prestige diplomatique des années 70 et jusqu'au «
je ne suis qu'un employé ! » de Medelci. La facture
de cette politique sera lourde et tout le monde le pense, le dit et l'écrit. Même
au sein des hauts cadres du régime et ses ministres. Aujourd'hui, on se
retrouve en froid avec la Libye,
en berne avec la Tunisie,
en «guerre» avec la Libye,
en discorde avec le Mali, en crampe avec la France et en tiédeur avec le reste du monde. Nos
amis ? Bachar El Assad et
confrères que l'Algérie soutient dans une sorte d'aveuglement automatisé.
Et du coup, la révélation : et si Bouteflika cherchait à isoler le pays autant que lui il l'est dans son bureau et dans sa tête ? Et si le but était de faire de cette nation un autoportrait d'homme seul ? Car, à bien regarder, la politique des Affaires étrangères du pays ressemble à la politique des affaires étranges de la Présidence : peu de paroles, pas de rationalité, des tremblements, une voix éteinte et une sourde méfiance envers le temps qui passe et envers la nouveauté. L'affaire CNT porte préjudice à l'Algérie et à ce qui reste de son prestige d'antan. Nous devenons peu à peu infréquentables, hors des hydrocarbures. Pas à cause d'armes interdites, de nucléaire, de terrorisme d'Etat ou de répression sanguinaire, mais à cause de l'insipidité. |
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