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Blida: Les cortèges nuptiaux sèment la pagaille

par Tahar Mansour

A peine avons-nous eu ce weekend du soleil et un peu de chaleur que les mariages se sont faits très nombreux, comme si quelqu'un les avait lâchés après plusieurs mois de détention !

Dans toutes les villes, dans tous les hameaux, dans tous les quartiers, il y avait un mariage, les youyous s'entendaient partout et la zorna a fait fureur. Là où nous nous sommes dirigés, il y avait des cortèges avec les youyous, les klaxons, la zorna, la mariée et les fleurs, en plus de la caméra. Jusque-là, c'est tout à fait normal, les chauffeurs des voitures invités essaient, tant bien que mal, de rouler comme il se doit, par peur du gendarme ou pour éviter un accident qui transformerait la joie en peine. Mais la nouveauté qui est remarquée depuis quelques années déjà, est celle qui consiste à garder la voiture de la mariée avec ses fleurs et ses rubans multicolores jusqu'en fin d'après-midi, à y installer le nouveau marié costumé et entouré de ses plus proches amis, pour un tour en ville. Que les klaxons soient utilisés de manière bruyante et continue peut à la limite, se comprendre comme étant un moyen comme un autre de manifester sa joie, en cette heureuse circonstance. La plupart des mariés gardent aussi la caméra louée à prix d'or, ainsi que la troupe de zorna locale et c'est le grand départ. Mais là ce sont aussi des dizaines de voitures -le nombre dépend du degré de richesse du nouveau marié- à bord desquelles se trouvent essentiellement des jeunes hommes célibataires pour la plupart, qui crient, chantent à tue-tête, le torse hors de la voiture et parfois les trois quarts du corps. C'est une position autrement plus dangereuse que les chauffeurs de ces voitures roulent à très grande vitesse, freinant à la dernière seconde, laissant de grandes traces des pneus sur l'asphalte. La plupart slaloment entre les autres véhicules, d'une manière plus que dangereuse, doublant à droite ou à gauche sans distinction, roulant pare-chocs contre pare-chocs, se heurtant de temps en temps dans un grand froissement de tôle. Ceci entre eux, mais il y a aussi d'autres utilisateurs tranquilles de la route, des enfants qui traversent la voie, des femmes qui traînent leur progéniture, des vieillards qui manquent de tomber sous les roues meurtrières de ces voitures conduites par des écervelés, jeunes pour la plupart. Et ce qui ajoute à la pagaille, c'est que ce genre de cortèges dangereux le devient plus par leur nombre sans cesse croissant. En effet, dans chaque ville, dans chaque village, nous pouvons en dénombrer des dizaines chaque jour qui slaloment dangereusement entre les passants et les voitures, et ceci sous le regard de tous. Mais ce qui nous a le plus étonné, c'est la réponse que nous avons eue quand nous nous sommes demandés comment se faisait-il que ces jeunes jouent avec ces voitures très chères, risquant à chaque instant de les rendre totalement inutilisables, sans compter les pneus qui coûtent quand même très cher et qu'il faudrait certainement changer.

Nous avons alors appris que la plupart cotisent entre eux pour avoir entre 4.000 et 6.000 DA et s'en vont louer une voiture sans chauffeur qu'ils se font un malin plaisir à malmener sans penser aux conséquences.

Une action de sensibilisation devrait quand même, être entreprise rapidement, pour au moins éviter des pertes humaines.