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Que faire de l'actuelle APN ?

par Kharroubi Habib

L'actuelle Assemblée nationale populaire aura-t-elle un rôle à jouer dans le processus qui doit matérialiser les réformes politiques dont Bouteflika a fait l'annonce dans son discours du 15 avril ? La réponse est oui, à s'en tenir à la démarche précisée dans ce même discours par le chef de l'Etat, puisqu'elle doit normalement débattre de ces projets de réformes qui seront soumis à son approbation. Ce que beaucoup d'acteurs politiques, qui, arguant du fait que cette institution était mal élue et totalement discréditée, estiment ne pas être la voie qu'il faut faire emprunter à ces projets.

 Première à avoir sonné la charge contre l'institution parlementaire, bien avant qu'il soit question d'engager des réformes politiques, Louisa Hanoune avait interpellé le Président pour qu'il prononce sa dissolution et organise des élections législatives anticipées. Sans prendre la défense de l'APN, des voix s'étaient inscrites contre la demande de la secrétaire générale du PT, au motif que des élections législatives anticipées tenues dans le même cadre que les précédentes reviendraient à avoir une chambre basse du même «tonneau» que l'actuelle.

 Ce qui est maintenant demandé par les détracteurs de l'APN que préside Ziari, c'est qu'elle soit mise hors course du processus des réformes. Khaled Nezzar a le plus abruptement formulé cette demande en inscrivant parmi les propositions qu'il a remises à l'instance de consultation, celle du recours à la légifération par voie d'ordonnances présidentielles jusqu'à l'élection de la prochaine assemblée nationale.

 Bouteflika n'a pas été totalement indifférent au discrédit dont est frappée l'actuelle chambre basse du Parlement, puisqu'il a décidé de reporter l'adoption de son projet fondamental, celui de la révision de la Constitution, jusqu'à après l'élection d'une nouvelle assemblée. Dont il a promis qu'il veillera qu'elle se passe dans des conditions de transparence et de régularité incontestables.

 Mais il semble qu'il veuille pour l'essentiel rester dans le cadre institutionnel actuel. Car agir, comme le lui demandent certains partis et personnalités, reviendrait, de son point de vue, à reconnaître que ce cadre mis en place sous son autorité a mérité d'être décrié. A ce titre, la proposition avancée par le général en retraite Khaled Nezzar peut apparaître comme la solution qui permettrait au Président de dissiper les préventions que soulève le passage des projets de réformes par l'APN actuelle chez nombre d'acteurs politiques et de donner en partie satisfaction à ceux-ci.

 En tout cas, le débat sur les réformes politiques, le tir croisé dont elle est l'objet à cette occasion ne semblent nullement avoir ému l'assemblée de Ziari. Pas même quand le Président a fait savoir qu'il l'écarte de la discussion sur la révision de la Constitution.

 La majorité des députés sont murés dans le silence face à l'offensive qui vise à écarter leur institution du processus des réformes engagé. Conscients de quelle insondable détestation ils ont provoqué à l'encontre de leur institution, par leur comportement courtisan et leur voracité à demander avantages et prébendes et leur absolue indifférence aux problèmes et misères qui sont le lot de la vie quotidienne des citoyens.