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Pôle universitaire de Belgaïd: Ras le bol, les étudiants bloquent la route

par Houari Barti

Pôle universitaire de Belgaïd. On est en face de l'entrée de la cité U du même nom. La chaleur y est suffocante et le paysage désertique et poussiéreux des alentours donne encore plus de lourdeur à l'atmosphère. Il est presque midi et demi en ce dernier samedi du mois de mai. C'est l'heure du déjeuner: un groupe d'étudiants internes se partagent une baguette de pain adossés au poste de contrôle de ce groupement de cités U qui compte en tout trois résidences, celle des garçons (la n°1), celle des filles (la n°2) et une mixte des écoles préparatoires (la n°3). Du pain sec en guise de déjeuner. C'est parce que le restaurant de la cité n°1 est hors service depuis le 19 mai dernier, «fermé pour défaut d'hygiène sur décision d'une commission de la wilaya», nous confient les étudiants. «C'était notre cadeau à l'occasion de la Journée nationale de l'étudiant», ironise un des étudiants entre deux bouchées de pain. Mais comment faites-vous pour vous restaurer ? leur demande-t-on. «Comme vous voyez, on se débrouille comme on peut», répondent-ils. «Après la fermeture de notre resto, on nous a affectés au restaurant de la cité n°3. Mais les étudiants de cette dernière, déjà trop nombreux, n'ont pas apprécié un surplus. On nous a donc réaffectés au restaurant central de l'université. Mais depuis hier soir (vendredi ), on n'y va plus. La cause: on nous a interdit d'accéder à l'université par le portail Est. On nous demande désormais de faire un détour de plusieurs centaines de mètres, le soir, dans l'obscurité, dans un endroit où l'insécurité est le seul maître des lieux, pour accéder à l'université par le portail principal. Chose qu'on a évidemment refusée. En guise de protestation, on a fermé l'autoroute à la circulation et on a brûlé des pneus pour faire entendre notre voix», racontent-ils. «Cause perdue, car aucun responsable de l'administration n'a daigné se déplacer, si on excepte un adjoint du maire de Bir El-Djir. On a même dû faire face, seuls, aux habitants du quartier de Sidi El-Bachir, qui ont vu d'un très mauvais œil, qu'on ferme une artère à la circulation pour faire valoir notre droit à manger sans devoir risquer notre intégrité. Un de nos camarades a même été agressé physiquement. Il a reçu un coup de crick à la tête, ce qui lui a valu plusieurs points de suture. Même aujourd'hui (samedi matin), deux de nos camarades étudiants, qui revenaient de leurs villes d'origine, ont été agressés, en guise de représailles, par des jeunes de Sidi El-Bachir. C'est devenu infernal. Personne ne veut écouter», indiquent-ils.