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L'euro se met à l'heure des fêtes

par A. Mallem

Une activité particulière règne, ces derniers jours, sur la place du 1er Novembre de Constantine, située face du théâtre régionale et de la grande poste. Et pour cause, ce lieu plus connu sous le nom de «Place de la Brèche» est devenu une véritable bourse à ciel ouvert, des devises étrangères. Chaque jour, du matin au soir, c'est le lieu de rendez-vous de dizaines de cambistes, dont le nombre a augmenté singulièrement ces derniers jours, ainsi que des retraités ayant travaillé dans des pays européens, qui veulent échanger leurs devises contre des dinars. Aussi, comme les fêtes de fin d'année approchent, il règne une grande animation et les fameuses devises, notamment l'euro, ont tendance à prendre de la hauteur «parce qu'elles se font rares», selon l'affirmation de plusieurs cambistes.

Au cours d'une petite virée, hier matin, dans cette place, nous avons découvert des cambistes heureux, qui se frottaient carrément les mains. Et pour cause, la situation est telle que ces derniers vendent les 100 euros à 13.100 DA, comme ils l'ont déclaré. Et selon certaines indiscrétions de gens connaisseurs rencontrés sur place, le tarif pratiqué est bien supérieur et les cambistes font de gros bénéfices. La demande est tellement grande que la devise européenne s'arrache littéralement. «Si vous revenez ce soir, la même somme vous sera vendue certainement à 13200 DA», affirme ironiquement, le sourire en coin, le premier cambiste que nous avons abordé.

 Interrogé, ce dernier s'est montré d'abord très méfiant. Mais, en insistant, il explique les causes de renchérissement de la devise et il finira par nous dire que cela est dû à plusieurs facteurs. En effet, les importateurs et les exportateurs qui ont, de plus en plus, recours au marché parallèle pour développer leurs activités, procèdent à l'achat de grosses sommes en devises fortes qui atteignent quelquefois, 200 à 300.000 euros, il s'agit surtout de nombreux commerçants associés à des étrangers, des commerçants syriens qui font des affaires dans la capitale de l'Est, dit-il. Il y a également de nombreux jeunes émigrants africains qui utilisent la ville comme tremplin pour se rendre en Europe par divers moyens et, bien entendu les nationaux qui pratiquent le trabendo et importent leurs marchandises par containers à partir de certains pays d'Asie du Sud-Est. Il pense que les vacances d'hiver n'ont aucun impact sur la hausse des devises. Un second cambiste que nous avons interrogé s'est montré prolixe sur ce sujet et affirme, au contraire, que le phénomène de la hausse de la devise est provoqué par les Algériens qui vont passer les vacances d'hiver et les fêtes de fin d'année en Tunisie et au Maroc évidemment. «Ils ont tout raflé !» dira-t-il en confirmant les taux de change avancés par son collègue, ajoutant tout de même que le dollar américain est échangé aujourd'hui pour 9,8O dinars. Toujours selon eux, il faut s'attendre encore à une forte demande à partir de dimanche (aujourd'hui), car même si l'hébergement en Tunisie se fait en monnaie locale, les touristes préfèrent avoir l'euro pour d'autres dépenses.