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Les fellahs vident leur sac

par A. Mallem

Les problèmes du secteur agricole ont été déballés par les fellahs, jeudi sur les ondes de la radio régionale de Constantine, au cours de l'émission «Préoccupations», diffusée en direct. En effet, à l'approche de la campagne labours-semailles, les animateurs de cette émission ont réuni sur le plateau tous les intervenants du secteur agricole, avec la participation d'autres fellahs au téléphone. Les débats concernaient les plaintes et les récriminations de ces fellahs, envers certaines institutions chargées de l'administration du secteur. Dans leur ensemble, ces derniers ont parlé haut et fort des nombreuses embûches qu'ils rencontrent sur leur chemin pour l'acquisition de crédits surtout et du matériel de labour. Ils ont «dénoncé la bureaucratie, les promesses non tenues, les retards dans l'octroi des crédits, l'état désuet du matériel agricole, ses coûts d'acquisition, de location ou de remise en état, qui sont de plus en plus élevés, etc.» Tous ont exprimé leur mécontentement quant aux fournitures de grains, d'engrais et d'octroi de crédits bancaires, qui, selon leurs dires, «laissent beaucoup à désirer». «Cela fait trois jours que je me déplace à la coopérative, faisant la queue jusqu'à 2h du matin, sans obtenir le moindre grain !», a déploré un fellah. Un autre dira que la coopérative l'a fait patienter pendant des mois, sans résultat. Allez aux docks et vous verrez comment on est traités», assure-t-il. Un troisième interviendra pour dire qu'actuellement, le grand problème qui entrave le travail de la terre c'est bien le manque de machines agricoles, le parc existant étant dans un état vétuste et nécessite des réparations coûteuses au moment où 80 % des fellahs ne possèdent pas de machines agricoles. Ce dernier révélera qu'un engin de labour lui coûte, en location, la bagatelle de 3.000 DA l'heure. «Nous n'avons pas reçu d'aide !», s'est écrié un autre fellah de Guettar El-Aich, qui a pointé du doigt la BADR, lui imputant tous les problèmes vécus par les fellahs.

 Les explications et les réponses fournies par les différents interlocuteurs sur le plateau de l'émission, n'ont apparemment pas répondu à l'attente des fellahs. Ainsi, à propos du manque de machines agricoles tant décrié, «le problème de Constantine est à imputer à l'entreprise de production de machinisme agricole et de tracteurs (PMAT) dont la production de ses quatre unités est loin de répondre aux besoins» affirmeront des intervenants. Du côté de la Coopérative des légumes secs et des céréales (CCLS), on entendra son responsable égrener des chiffres puisés dans les derniers bilans 2008/2009, en essayant de montrer que ces derniers ont été en constante augmentation de saison en saison et que de toute façon, ces chiffres reflètent que les quantités de semences sont suffisantes pour couvrir toutes les demandes exprimées par les fellahs. Celui de la banque en fera de même, en rejetant l'accusation dans le retard d'étude ou de réponse aux demandes qui lui ont été exprimées, et en invitant les fellahs qui s'estiment lésés de se rapprocher de sa banque. Le représentant de PMAT, quant à lui, n'a fait que confirmer le constat établi, à savoir l'insuffisance de la production nationale en matière de machines agricoles et le président de la chambre d'Agriculture lui emboîtera le pas, pour signaler l'arrivage de matériel agricole importé de Chine par le secteur privé. «Cela ne réglera nullement le problème», rétorque un fellah qui précise que «ce matériel n'est pas subventionné par l'Etat, n'est pas fiable et il n'est pas accompagné de la pièce de rechange indispensable. Ensuite, sont coût est exorbitant». Enfin, le directeur de wilaya des Services agricoles affirmera que le secteur agricole dans la wilaya «se porte bien» et pour preuve la reconnaissance faite par la tutelle qui a classé Constantine en tête des wilayas performantes avec la commune de Ain Abid qui arrive en tête au niveau national.