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De la relative utilité des sous

par Oualid Ammar

Oran, Alger, Ouargla, Blida et Constantine ont chacune leur centre anti-cancer équipé. Celui de Ouargla vient d'être inauguré par le chef de l'Etat. C'est une excellente nouvelle pour les malades de la région qui avaient de longs et pénibles déplacements à faire lorsqu'ils réussissaient à avoir un rendez-vous pour leur chimiothérapie ou leur radiothérapie dans un centre du Nord. Cinq centres pour traiter environ 28 000 cancéreux, c'est nettement insuffisant, s'accordent à dire les spécialistes. Ils ajoutent sous le sceau de l'anonymat que le centre de Constantine a des problèmes techniques, ce qui perturbe le traitement des malades et que, dans tous les cas de figure, seuls huit mille peuvent être suivis et soignés sérieusement par les centres existants. Ce qui signifie que vingt mille patients doivent prendre leur mal en patience. Atroce constat.

 Rares sont ceux qui pourront se soigner en traversant la Méditerranée car même s'ils en ont les moyens, il n'est pas évident qu'ils puissent obtenir un visa de séjour. Les autres, les plus nombreux, s'en remettent à la Grâce de Dieu.

 A la décharge de l'actuel ministre de la Santé et peut-être même de son prédécesseur, ce n'est pas l'argent qui manque. Qui a manqué de prévention et d'anticipation ? Faut-il laisser ces quelque 20 000 malades mourir à petit feu ? Faut-il leur accorder des prises en charge pour soins à l'étranger ? Peut-on éviter ces dépenses en équipant dans des délais raisonnables les hôpitaux d'ici ? Quelle peut être la contribution des praticiens privés dans la lutte contre cette maladie dite du siècle ? Dans l'immédiat, l'enjeu ce sont les vies de milliers de personnes de tous âges et de toutes conditions sociales. Et puis, on ne peut s'empêcher de constater, tristement, que l'on peut parfaitement avoir les moyens financiers mais ne pas savoir qu'en faire. Alors, directement ou indirectement, sans bouger de son bureau, on peut avoir des morts sur la conscience.

 Toujours à propos d'argent mais sur un autre registre, on annonce que le secteur de la communication va disposer d'une enveloppe d'un milliard de dollars pour le quinquennal 2010-2014. Mais la transformation de ce secteur, en termes de réforme et d'ouverture, est-ce vraiment une question de sous ? Pas évident du tout. Durant toute la décennie écoulée, l'Algérie a vécu dans une aisance financière exceptionnelle. Cela n'a pas permis l'éclosion de communicateurs émérites au sein des institutions publiques ni mis fin au monopole de la télévision ou de la radio. Dans l'intervalle des deux dernières décennies, une partie de «la main-d'œuvre qualifiée» du secteur s'est expatriée pour s'affirmer professionnellement. Souvent avec succès. Comme quoi?l'argent seul ne peut faire une vraie télévision ou radio de service public.