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Autre temps,
autres mœurs, osons-nous dire, ou comment la société se voit bousculer presque
dans ses fondements par le désir du changement très rapide de pratiques
socioéconomiques incontournables, très peu imaginables, il y a quelques années
seulement, un phénomène qui s'accélère au fur et à mesure que des facteurs de
réticence se dissipent d'eux-mêmes devant un certain progrès que personne ne
peut ignorer trop longtemps. Ce fut une époque où Tébessa et toute sa région
jusqu'aux confins des Aurès à l'ouest et aux portes du Sahara au sud étaient
considérées comme étant d'essence traditionnaliste, des traditions ancestrales
bien établies et les gens s'y accrochaient selon des couches sociales bien
compartimentées où les rôles étaient distincts et bien définis. Et pour
illustrer ces mutations des mœurs aujourd'hui évidentes, qui sont en train de
s'inscrire de façon régulière dans la vie des agglomérations les plus importantes
de la wilaya de Tébessa, intéressons-nous au travail des femmes. Celles-ci et
pour des raisons socioéconomiques pressantes investissent de plus en plus le
monde du travail bien qu'elles soient encore minoritaires; certes, leur nombre
reste infiniment réduit par rapport à celui des hommes.
Jadis, les femmes étaient confinées dans des fonctions sociales déterminées, surtout parmi celles habitant les zones rurales. Cela ne les empêche pas de se mettre en évidence, ne serait-ce que par leur présence en des domaines jusque- là l'apanage de la gent masculine. Et le créneau du commerce en est l'exemple parfait. En effet, certaines femmes n'hésitent pas à tâter le terrain dans des activités commerciales, une percée encore timide, faut-il le signaler, une expérience méritoire, dans la mesure où dans leur désir de s'émanciper des contraintes sociales et morales, elles osent braver les interdits en dérogeant à une règle sacro-sainte d'une société quelque peu cadenassée partant de malentendus dont les victimes sont généralement les femmes. Ainsi et après la fonction publique, l'éducation le secteur de la santé et autres institutions dont les banques ainsi que dans des professions libérales, médecins, avocats, architectes, les voilà faisant une entrée avec un brin de témérité dans des domaines hermétiques teintés de machisme et d'exclusion à leur encontre, dans un milieu social peu enclin à accepter ce genre d'éruption, tellement les mentalités sont encore trop conservatrices, en dépit des apparences de l'ouverture des esprits et de tolérance. De nos jours, les femmes se font remarquer dans les services, la restauration ou vendeuses dans des magasins. Il y avait déjà celles qui exerçaient des activités à caractère artisanal, en proposant leurs services à partir de chez elles comme en pâtisserie maison, en couture ou des salons de coiffure aménagés dans leurs domiciles. D'autres ont bénéficié de crédit pour le lancement de micro-entreprises, en particulier dans les localités rurales. Ville universitaire et dotée de surcroît de plusieurs centres de formation, Tébessa voit débarquer, chaque année, sur le marché du travail, des milliers de demandeurs d'emploi dont une bonne partie de jeunes filles fraîchement diplômées mais qui trouvent toujours les pires difficultés pour leur insertion professionnelle. Des jeunes filles, cahin-caha, arrivent tout de même à se faufiler à travers les méandres des mœurs sociales rigides pour s'octroyer une place au soleil parfois avec beaucoup de sacrifice de leur part car l'entreprise n'est guère aisée dans une conjoncture loin d'être favorable. |
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