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Une rue «libérée»

par T. M.

Chaque vendredi, depuis des temps immémoriaux, la rue Abdelkader Yousfi, en plein centre de Blida, accueille une foule compacte composée essentiellement de femmes venues faire leurs emplettes à des prix défiant toute concurrence. En effet, la rue Yousfi et ses environs jusqu'au CEM Bencherchalli et les ruelles attenantes étaient envahis par des dizaines de vendeurs à la sauvette qui étalaient leurs marchandises à même le sol et qui la proposaient à bas prix. On y trouvait de tout, des légumes, des fruits, de l'habillement, de la vaisselle et même de petits animaux comme les poulets et les lapins. Les femmes qui se rendaient au cimetière Sidi Halou chaque vendredi matin en profitaient pour ramener chez elles tout ce dont elles avaient besoin. Jusqu'à il y a une semaine, c'était le spectacle qui s'offrait les vendredis matin aux passants, avec ses couleurs chatoyantes et vives, ses cris particuliers et l'ambiance festive qui s'en dégageait. Mais, vendredi dernier, les femmes qui s'amenaient avec leurs couffins sont retournées bredouilles chez elles car elles n'ont trouvé aucun étalage et la rue était désespérément vide. Les dernières venues demandaient aux premières ce qui s'était passé et elles s'étonnaient de s'entendre répondre que «la police a chassé tous les vendeurs». Certains clients n'hésitaient pas à rouspéter en rappelant à qui voulait les entendre qu'ils trouvaient là des produits à la mesure de leurs maigres bourses et que, désormais, ils se demandaient où trouver ces produits. Mais il faut dire aussi que le nombre de vendeurs et d'acheteurs étaient si nombreux qu'ils bloquaient carrément la rue et rendaient la circulation impossible. Bien sûr, les autorités locales ont été obligées de prendre cette mesure pour libérer la rue mais, d'un autre côté, il faudrait songer sérieusement à dynamiser les marchés parisiens au niveau des quartiers qui n'ont pas encore été installés malgré l'insistance du wali depuis plusieurs années.