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Plage, Coupe du Monde: Les Oranais pressés ?

par Moncef Wafi

Les Oranais n'auront pas attendu l'inauguration officielle de la nouvelle saison estivale pour profiter de la grande Bleue. Les plages, moyennement entretenues ou carrément envahies par les détritus et autres tessons de verre, témoins de beuveries nocturnes, ont été prises d'assaut dès les premières chaleurs de mai. Si au départ, l'affluence était plutôt réservée, il n'en fut rien pour la suite, où, malgré une baisse sensible du mercure, les familles n'hésitaient pas à prendre la route de la Corniche après les heures de travail. Les Oranais ne veulent surtout pas laisser filer ces moments de libre pour profiter du soleil et des bains de mer surtout avec l'avènement de la Coupe du Monde qui accaparera le temps des Algériens et le mois de ramadhan qui viendra, encore une fois, amputer l'emploi du temps consacré à la baignade. Ainsi, à chaque fin d'après-midi, une file interminable de voitures, parfois pare-choc contre pare-choc, se dirige vers les plages prisées de la Corniche pour des moments de détente, de bains de soleil ou faire trempette pour ceux qui ne craignent pas le contact de l'eau froide. Cette saison estivale se veut être une réussite au niveau des plages autorisées à la baignade. Pour espérer être à la hauteur des espérances, la commission chargée du dossier a multiplié les sorties sur site pour justement évaluer les besoins et doter les plages retenues en moyens humains et logistiques. Parmi les points noirs recensés, la question de l'hygiène qui plombe les paysages que peuvent offrir les plages oranaises, et pour y remédier plus de 1500 collecteurs d'ordures ménagères ont été affectés au profit des localités balnéaires pour une enveloppe estimée à 700 millions de centimes. Pourtant, et malgré toute la bonne volonté des instances chargées de ce dossier, le risque de pollution marine se pose avec acuité, poussant les autorités locales à accélérer les travaux de réalisation de trois stations d'épuration des eaux usées. La récente livraison de la station d'épuration d'Aïn El Turck devra permettre de traiter 30.000 M3 d'eaux usées/j. Leur plus grand défi est de mettre un terme aux effets dévastateurs des égouts éventrés qui se déversent directement dans la mer. Quant à l'état des plages qui pâtissent aussi de l'incivisme de certains estivants, les responsables projettent de sasser les plages à l'aide des cribleuses avant de les doter des sanitaires indispensables et des présidents de plage seront désignés ultérieurement pour veiller à la quiétude des vacanciers et à la propreté des plages.

 L'autre aspect qui inquiète les vacanciers concerne les jets-ski qui représentent un véritable danger pour les baigneurs, et plus particulièrement les enfants. Hichem, père de trois enfants en bas âge, est conscient de ce problème. «Quand je vois tous ces jeunes passer à fond la caisse à proximité des rivages, je me demande toujours à quand l'accident». Nombreux sont comme lui à redouter une mort brutale lorsqu'on sait que beaucoup de jet-skieurs ne maîtrisent pas leur moto des mers. L'accident le plus dramatique fut le décès d'une fillette de 7 ans après avoir été fauchée par un jet-ski durant l'été 2005 à la plage des Andalouses. Plusieurs autres accidents similaires surviennent chaque année sans que l'on puisse réglementer l'utilisation des jets-ski. Pourtant, le 13 mai dernier, la rencontre des directeurs de la Protection civile des 14 wilayas côtières du littoral à Aïn Témouchent avait mis l'accent sur le risque que représente le phénomène des jets-ski tout en sollicitant les responsables présents à se pencher sur la question et tenter de trouver une solution pour épargner des vies humaines. Pour rappel, la Protection civile avait enregistré, durant la dernière saison estivale, 10 accidents provoqués par ces engins sur l'ensemble du littoral algérien. Sur le plan légal, la Protection civile n'a pas la qualité de police judiciaire, d'où la difficulté de verbaliser les contrevenants, encore moins la gendarmerie qui intervient à la limite du rivage, et la seule institution habilitée à intervenir dans ce genre de situation demeure les gardes-côtes. Pourtant un projet portant sur la mise sur pied d'une commission mixte de coordination composée des représentants des gardes-côtes, de la Protection civile et de la gendarmerie pour la lutte contre les sports nautiques dangereux est en maturité.