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L'Egypte marque son territoire

par Adjal Lahouari

Considérés comme des «faire-valoir» aux côtés des favoris, le Mozambique et le Bénin ont tout fait pour démentir cette étiquette. Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est cette donnée qui les motive, dans la mesure où, et contrairement aux favoris, ils n'ont pas la pression, ayant tout à gagner face à des adversaires supérieurs. Finalement et c'est logique, l'Egypte et le Nigéria se sont emparés des deux places qualificatives. Les Pharaons sont d'ores et déjà qualifiés, tandis que les Nigérians ont tout au plus une option.

 Car, lors de l'ultime journée mercredi prochain, les Mozambicains vont jouer leur va-tout, et face à cette pâle équipe du Nigéria (par rapport à son passé et à son palmarès) qui n'est pas à l'abri d'une élimination. C'est que le Nigéria a sué pour arracher les trois points de la victoire. D'ailleurs, il a fallu un penalty transformé par Yakubu peu avant le repos de la mi-temps pour mettre à la raison cette équipe du Bénin qui a surpris les observateurs par sa volonté et son absence de complexe. C'est simple, les Béninois ont mené la vie dure à leurs adversaires pourtant supposés supérieurs.

 Au Nigéria, l'absence d'une relève se fait cruellement sentir. Le coach Amodu a bien tenté de responsabiliser Mikel, titulaire indiscutable à Chelsea, en lui donnant le maillot n° 10, qui est traditionnellement celui des meneurs de jeu. Or, après ses trois saisons à Chelsea, Mikel, qui possède une technique irréprochable, a acquis les automatismes d'un récupérateur, toujours au service de ses réputés partenaires, tels Lampard, Drogba, Anelka et autre Kalou. Il ne peut, d'un jour à l'autre, se transformer en stratège et leader. C'est là l'un des maillons faibles de cette équipe nigériane plus besogneuse que jamais.

 Un autre indice s'avère significatif à nos yeux. Il s'agit des lacunes physiques enregistrées tout au long de cette rencontre assurément crispante pour les fans des Super Eagles qui, finalement, n'ont rien de... super ! Pour des footballeurs à la solide constitution physique, c'est plutôt inquiétant. Nous en arrivons à cette équipe d'Egypte qui s'est qualifiée aux dépens d'adversaires finalement peu dangereux, comme le Nigéria par exemple. L'autre paradoxe de ces deux premières journées n'est autre que les difficultés éprouvées par les Pharaons face à un rival annoncé comme inférieur au Nigéria. Le Mozambique ne figure pas parmi les plus performants du continent africain, mais ce statut ne l'a empêché de jouer crânement ses chances, résistant jusqu'au bout. Au sein de cette équipe, on a relevé beaucoup de bonne volonté, du dynamisme, mais également beaucoup de déchets. A commencer par cet entêtement à vouloir, à tout prix, passer par l'axe, là où réside justement la force des Egyptiens. En outre, les tirs de loin, surtout en première mi-temps, n'avaient aucune chance d'inquiéter le keeper El Haddary, maître dans sa surface grâce à sa «lecture du jeu». Il faut cependant remarquer que les hommes de Shehata ont bénéficié d'une certaine réussite sur le premier but, le ballon ricochant sur le pied du défenseur Dario Khan au tout début de la reprise. Par la suite, les Mozambicains ont persisté dans leur jeu axé sur la profondeur, alors que les flancs étaient ignorés. Face à des adversaires aussi expérimentés que les Egyptiens, ce genre de lacunes se paie cash. Le but de Gedo est venu à point pour traduire au tableau d'affichage la supériorité des camarades de Zidan. Même avec l'apport de quelques nouvelles têtes, l'équipe d'Egypte est restée fidèle à son image. Le jeu est resté collectif et cohérent, avec une bonne organisation. Mais, assurément et en dépit de l'activité du capitaine Ahmed Hassan, l'absence d'un leader et d'un créateur de jeu se fait sentir. En outre, lorsque l'adversaire se fait pressant, les Egyptiens perdent quelque peu de leur assurance. Ceci dit, cette équipe egyptienne reste solide et, avec son rang de leader du groupe C, elle aura à affronter le second du groupe D, qui pourrait être la Tunisie, le Cameroun ou le Gabon. Ce sera un autre test plus consistant que ceux vécus jusqu'à présent.