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De Palikao... à Tighennif

par Kada Kherchouch *

1ère partie



Imprégné par le devoir de citoyenneté et jaloux pour l'avenir de ma région natale Tighennif, je me propose d'apporter ma modeste contribution en vue de faire connaître Tighennif d'hier, Tighennif d'aujourd'hui et enfin la grande Tighennif, de nos rêves à tous.

Cette ville, de part son ancienneté, son histoire, sa situation géographique, sa vie économique et culturelle, mérite une attention particulière, non seulement par les pouvoirs publics, mais aussi par sa propre population.

 Tighennif, Palikao jadis, située à 20 km de Mascara, patrie de l'aïeul du Maghreb, est une ville très ancienne (700.000 années avant J.-C.) devenue mondialement célèbre depuis la découverte de l'ancêtre du Maghreb, un homo erectus plus communément connu sous la dénomination de l'homme de Palikao. Les ossements originaux de la mandibule et du pariétal de ce dernier sont exposés au musée de l'homme à Paris - au musée national du Bardo, sont exposées des répliques (moulages) d'ossements, d'authentiques restes de la faune ainsi que des reliques d'industries lithiques. Dans la période turque (1515/1830), le douar se nommait Ternifine, entouré de marécages, de lacs de sable et de brousailles. C'était une belle immense et fertile plaine (plaine de Ghriss), où vivait le fondateur de l'Etat moderne algérien l'Emir Abdelkader. La fondation du village de Palikao remonte aux années 1870 qui fut transformé en sous-préfecture en 1958 (département de Mostaganem). Malgré plusieurs recherches 1872/1876/1889/1825 1928/1931/1954/1956 au niveau du site historique la sablière, dernière demeure de l'homme de Palikao appelé aujourd'hui El Kaf, situé juste à côté du cimetière Sidi Senouci, certainement la région n'a pas livré tous ses profonds secrets, peut-être qu'un fabuleux trésor est enterré quelque part. Dans cette zone, dernièrement lors de la construction du futur palais de justice, des ossements humains trouvés sur les lieux n'ont suscité aucune curiosité ou réaction de la part des spécialistes ou autres.

 Il y a nécessité et urgence de prendre en charge sérieusement cet héritage (sont interpellés chercheurs, ministère de la Culture, scientifiques...). La poursuite de recherches plus pointues sur le site nécessite aussi une logistique conséquente. Il serait opportun d'organiser des journées sur ce riche patrimoine historique en faisant participer archéologues, anthropologues... afin d'apporter un éclairage plus précis sur le passé de la région de Tighennif et ses environs. Après l'indépendance, une Houria acquise au prix du sang et d'énormes sacrifices, Tighennif offrait une image d'une coquette ville propre, accueillante, respectée et aimée par sa population.

 Entourée de vignobles et d'oliviers, traversée par des rivières où l'on comptait plusieurs Djenanes qui étaient à la fois vergers et jardins potagers, jalousement bien entretenus par les hommes de la profession, malheureusement tout ce beau paysage a été impitoyablement massacré et bouffé par le béton. Tighennif était caractérisée par certains sites dont les plus importants sont:



Le jardin public (Djenan El Beylek)

Poumon de la ville, un vrai éden situé à la lisière nord de la ville, d'une superficie de plusieurs hectares d'arbres centenaires (pin d'Alep, chêne...). Ce jardin était bénéfique pour plusieurs raisons.

 - Lutte contre la pollution. Il faut noter qu'un arbre absorbe un cinquième de carbone émis par l'homme et participe à la création d'un microclimat.     

 - Aire de jeu, de promenade pour les écoliers et les citoyens en général.

 - Lieu de détente, de repos et de divertissement.

 - Vrai havre de quiétude.

Malheureusement ce jardin a été complètement anéanti et n'a pu résister à la bêtise et à la négligence humaine, malgré certaines tentatives de réhabilitation l'échec est cuisant et trop visible. Ce jardin est devenu hélas un simple terrain vague, un lieu de rencontre de délinquants. Ce site mérite une attention particulière, seules des mains professionnelles et un suivi rigoureux et continu peuvent redonner à la ville son lustre d'antan.



Petit lac (Aïn Seghira)

Paysage et lieu féerique. Constitué dans le temps d'une magnifique et agréable piscine, paysage enchanteur, adulé de tous, les estivants, particulièrement les jeunes de toutes les contrées viennent passer de longs moments inoubliables durant les vacances scolaires (baignade, musique, jeux, rencontre amicale). Au sein de ce site, la commune gérait aussi un café (boissons, jeu de cartes, loto, dominos...) d'où une source de revenus non négligeable pour celle-ci. Juste à côté de la piscine, il y avait un merveilleux et splendide lac (avec de superbes pédalos), des aires de jeu, des bancs publics de haute qualité et un joli parc floral avec une symphonie de fleurs aux couleurs variées, de somptueux arbres géants, des allées remarquablement très propres et de merveilleuses pergolas sur lesquelles perchaient des papillons de diverses couleurs ainsi que d'autres petits beaux et aimables animaux. Après les longues journées laborieuses, les citoyens (travailleurs, écoliers, visiteurs etc.) viennent savourer dans la quiétude, la beauté de ce lieu édénique, loin des tracas de la ville. Ce site, abandonné depuis plus de deux décennies, a atteint un stade de détérioration très avancé. Heureusement et à la joie de toute la population, tout récemment, en 2009, une enveloppe financière a été finalement allouée par les pouvoirs publics en vue de sa réhabilitation, ce qui nous réconforte et nous incite à encourager ce genre d'action pour le bien de la ville. l y a lieu de noter que la population souhaiterait, tout de même, prendre connaissance du contenu de ce projet (maquette, plan, etc.) pour d'éventuelles suggestions et avis car ce projet de par son importance et sa portée mérite d'être mûri pour éviter d'éventuelles erreurs.

 

Grand lac (Aïn El Kebira)

Lieu paradisiaque. Lac hélas tari à jamais, son existence remonte à des siècles. Véritable structure d'accueil, de loisirs, de détente et de promenade, ce lieu était constitué d'un grand lac où on pouvait admirer de jolis poissons d'eau douce, entouré par de gigantesques arbres séculaires (eucalyptus) avec des courbes naturelles des branches habitées confortablement par de jolis oiseaux (serin, rossignol, rouge-gorge) où beaucoup d'entre eux en ont fait leur lieu de nidification, participant ainsi à l'enjolivement et au décor du site. A cela s'ajoute le rôle que jouent les oiseaux sur l'élimination des insectes nuisibles à l'homme et à l'environnement, il y a lieu de noter que les espèces d'oiseaux insectivores ont tendance à disparaître, on pouvait aussi compter parmi ces espèces des oiseaux granivores (tourterelle des bois, chardonneret, etc.) Ce lieu, avec son lac, ses poissons, ses oiseaux, ses arbres et son calme, offrait un endroit idéal aux élèves pour préparer leurs examens (question de concentration). C'était aussi l'endroit privilégié pour les rencontres entre les amis intimes. Avec le temps, ce lieu est devenu méconnaissable, il a perdu beaucoup de son charme et de sa beauté. Partant de ce constat peu reluisant des trois sites énumérés et qui sont, il faut le préciser, la mémoire collective de plusieurs générations de Tighennif, sont actuellement à la recherche de solutions salutaires, durables et mûrement réfléchies pour les arracher de la dégradation, de la monotonie et des mains de délinquants où tous les fléaux sociaux (drogue, alcool, tabac...) guettent continuellement et quotidiennement nos enfants heureusement que des opérations sont menées régulièrement, efficacement et sans relâche par les services de sécurité (arrêt de plusieurs trafiquants de drogue, corrompus et dangereux criminels où plus de trois crimes crapuleux ont été élucidés en un temps record...). Mais malheureusement ceci reste bien sûr insuffisant, compte tenu de la forte densité de la population et parfois de la complexité de la situation. Le mal doit être attaqué à sa racine. La société en général, école, famille, mosquée, médias, etc. ont un rôle à jouer d'où la nécessité de promouvoir le comportement civique et l'esprit de citoyenneté afin de rendre à la ville son passé prestigieux, sa beauté, son hospitalité et sa générosité. Tighennif, de par son passé, il faut le souligner n'a pas son pareil à travers toute la région.



Collège d'enseignement agricole

Situé juste à côté de la piscine et du petit lac (Aïn Seghira), c'est le prolongement naturel de ces deux sites.

 Ce collège fermé et abandonné depuis très longtemps (vers 1975) n'enseigne plus les sciences agricoles, et ce au grand détriment de la vocation agricole de la région. Il est à signaler aussi que les écoles régionales (Sidi Bel-Abbès, Tlemcen, etc.), les instituts agricoles, les CFPA, etc. ont connu le même sort. Les revues et autres journaux relatifs à ce secteur ont été eux aussi tout simplement abandonnés. Signalons les deux plus importants de l'époque 1973/1978 : Terre et Progrès ainsi que la revue Algérie agricole, etc. C'est vraiment dommage et regrettable pour un secteur aussi stratégique et vital pour un pays qui veut assurer son indépendance et sa sécurité alimentaire. Ce collège avait à répondre à plusieurs objectifs:

- Participation à la formation de futurs cadres du secteur agricole.

- Vulgarisation des techniques agricoles (comment semer, planter, tailler, greffer, traiter...).

- Essais agricoles (semence, traitement, etc.)

 Il y a lieu d'accorder la priorité des priorités à ce secteur. Regardons autour de nous, chez nos voisins, toute l'importance qu'on accorde à l'agriculture.

 Il faut admettre qu'un beau et riche pays comme le nôtre est une bénédiction, il demande à être aimé et bien géré. Heureusement qu'on commence à prendre conscience si l'on se réfère à l'ambitieux programme initié par l'Etat. Espérons que tout le monde se sente concerné par l'avenir du pays.

 La réhabilitation de ce collège pourrait répondre à d'autres objectifs: dans un cadre scolaire, les élèves peuvent s'initier aux travaux de jardinage, à la découverte de la nature et du savoir, comme souligné par l'Emir Abdelkader, natif de cette région: L'esprit s'il est en bonne santé ne prend plaisir que dans la science. Sur le plan pédagogique, c'est le meilleur moyen d'éveiller les écoliers à l'écologie:

- Observation du vivant sous toutes ces formes (animale végétale).

- Education artistique: liée au développement de l'imaginaire.

- Citoyenneté: respect de l'environnement

 Pour remédier à cette situation nous préconisons :

 La réhabilitation des sites cités: piscine, petit lac (Aïn Seghira) et C.E.A.

La création de places publiques et aires de jeu (sur le terrain vague limitrophe au C.E.A. et au petit lac).

La construction d'une bibliothèque (sur le terrain limitrophe au C.E.A.).

Création d'un musée: l'homme de Palikao. Tous ses sites (piscine, petit lac, CEA, bibliothèque, places publiques, aires de jeu et musée) doivent être regroupés en un seul et unique site.

 La gestion de ce patrimoine ainsi créé doit être confiée à des spécialistes avérés et consciencieux.



Places publiques et espaces verts

Par le passé, Tighennif comptait plusieurs places et espaces verts.

- Place de la poste: lieu actuellement dégradé et sans éclat (plantes et jets d'eau disparus).

- Place située entre la poste et l'ancienne Badr (plantes disparues, jet d'eau démoli. Actuellement cette place est une simple plate-forme revêtue de carrelage de moindre qualité, dépourvue de toute plante).

- Place du palais de justice: c'est la seule place qui a conservé son originalité (un superbe jet d'eau et de jolis plantes). A suivre



*Ingénieur