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CHUO: La dixième transplantation rénale malgré...

par Ziad Salah

Le troisième étage du service d'urologie du CHU Oran vit une sorte d'état d'alerte depuis quelques jours. L'accès à l'aile n'est autorisé qu'à un nombre réduit du personnel. Dans deux chambres de cette aile, l'une en face de l'autre, résident Hayet et Yazid, deux jeunes qui viennent de subir des transplantations rénales : la première le 28 juin dernier et le second le 29 du même mois. L'opération de transplantation de Hayet a démarré vers 20 h et s'est terminée quatre heures après, nous affirme le professeur Abderrahmane Attar. La seconde opération a eu lieu le lendemain vers 11 h et n'a duré que deux heures. Hayet est âgée de 18 ans et Yazid de 28 ans. Ce dernier nous a confié, lors de notre visite, qu'il était pressé de revoir son petit enfant. Il s'est empressé de nous confirmer que le taux de sa créatinine est revenu à la normale «de 160 mlg par litre, je suis actuellement à 15 mlg», lance-t-il fièrement. Au plus tard au courant de la semaine prochaine, ces deux patients quitteront le service d'urologie où ils séjournent, estime le professeur Attar. Les deux prélèvements sanguins qu'ils subissent chaque jour et les analyses qui s'ensuivent certifient que l'évolution de leur état est satisfaisante, nous explique-t-on.

Au second étage du même service, se trouvent dans une même chambre les deux mères donneuses. Elles aussi ont pu récupérer et doivent quitter les lieux aujourd'hui ou demain. Une relation d'amitié semble s'installer entre les deux mères. Signalons que Yazid et sa famille se sont montrés très attentionnés et généreux avec Hayet. En premier lieu, Yazid a accepté de bon coeur de céder son tour à Hayet, hémodialysée durant quatre ans. D'autre part, il a pris en charge ses analyses effectuées à Blida, nous assure un médecin. Concernant les donneurs, le professeur Attar, qui en est à sa dixième transplantation depuis 2006, relève qu'à une exception près, ce sont les femmes qui offrent leur organe au frère ou à l'enfant. D'ailleurs, la mère de Yazid expliquera le phénomène en affirmant que «nous les femmes, nous sommes plus sensibles aux souffrances de nos enfants». Le professeur Attar ne manquera pas de noter quelques difficultés rencontrées lors de la réalisation de ces deux dernières transplantations. Notamment le manque de produits spéciaux, comme le SAL (Sérum anti-lymphocytaire) et le Simulect. «C'est en mobilisant des relations que j'ai pu obtenir ces deux produits d'Alger et de Tlemcen. Et Dieu sait que j'ai passé commande depuis plus de deux mois», indique-t-il. Et d'ajouter : «Le défi que nous avons relevé est à mettre sur le compte de toute l'équipe qui a participé à ces deux opérations. Du personnel paramédical aux chirurgiens, en passant par l'anesthésiste et le néphrologue que je tiens à féliciter». D'un autre côté, l'on apprendra que le service d'urologie est en train d'élaborer une convention à soumettre à la CNAS pour prendre en charge davantage de patients souffrant d'insuffisance rénale, au lieu de les envoyer en Jordanie au prix fort. Le projet est encore à l'état de maturation, signale-t-on.