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Aïn Defla : La pomme de terre doit déménager

par M. N.

Cette année est considérée par tous comme la plus pluvieuse depuis plusieurs années. En effet, les chutes de pluie n'ont, pratiquement, pas cessé depuis la fin de l'été. Les terres cultivées sont gorgées d'eau, particulièrement les sols lourds, situés dans les régions les plus humides de la wilaya de Aïn Defla, telles les plaines de M'khatria, El-Amra et El-Abadia, c'est-à-dire, tout le nord-ouest de la wilaya, localités qui sont aussi réputées, depuis des années, pour la culture extensive de la pomme de terre et les hauts rendements obtenus. La récolte d'arrière-saison est arrivée à maturité, mais l'arrachage est rendu particulièrement difficile par les pluies abondantes et incessantes: de septembre 2008 au 15 janvier 2009, il a été enregistré 57 jours de pluie avec un total de 308 mm, octobre ayant été le mois le plus pluvieux avec 13 jours de pluie et 92,4 mm. Ainsi les champs sont devenus inaccessibles. Ce sont là des conditions propices pour les attaques des nématodes et de la plus foudroyante des maladies qui cause des dégâts tant au feuillage qu'au tubercule lui-même: le Mildiou.

Il faut souligner que la variété «Spunta» (pomme de terre blanche) prisée pour ses qualités nutritives qui s'adapte bien et donne de hauts rendements, est, cependant, la plus vulnérable aux attaques de Mildiou.

Dans ces zones du nord-ouest de la wilaya, où l'on commence à se rendre à l'évidence, deux facteurs interpellent les responsables à tous les niveaux, à savoir que, d'une part, les sols sont usés obligeant d'une année à l'autre une augmentation du dosage des engrais pour maintenir le rendement et d'autre part les sols sont infestés de nématodes ce qui pousse à l'usage régulier des produits phytosanitaires. Ces deux facteurs ne sont pas sans incidence sur les nappes phréatiques et à moyen terme sur la santé des populations. D'autant plus que les rotations culturales ne sont pas toujours respectées. Pour parer à cette situation, il devient indispensable, voire impératif de transférer la culture de la pomme de terre ailleurs.

Pour cela, on pense à d'autres zones telles les régions de Zeddine et Bir Ould Khelifa au sud et Aïn Lechiekh, en haute plaine où les sols sont plus légers, à condition, bien sûr, de pouvoir disposer de l'eau d'irrigation à partir du barrage de Der-Der, dans la commune de Tarik Ibn Zyad, au sud-est de la wilaya. On laissera, ainsi, les zones infestées de nématodes à la céréaliculture. Pour cette dernière culture, il y a lieu de rappeler que dans les années 70, ces terres donnaient des rendements appréciables. Ces derniers temps, selon la direction des Services agricoles (DSA), quelques foyers de Mildiou se sont déclarés, mais les dégâts, assure-t-on, sont limités notamment aux régions de M'khatria, Bir Ould Khelifa et Zenadra. Dégâts dont l'incidence se situera sur le plan de la qualité et non de la quantité, et précise-t-on, sur des parcelles qui n'ont pas été sérieusement ou pas assez traitées, à titre préventif. Cela, à cause de la cherté des traitements qui coûtent quelque 10.000 DA l'hectare. Si la production sera faible l'agriculteur n'arrivera même pas à couvrir les charges. Par ailleurs, cette production restera faible si l'utilisation des engrais et autres produits fertilisants n'aura pas été effectuée au moment opportun et en quantités suffisantes. C'est ce qui s'est produit pour cette culture d'arrière-saison, les producteurs n'ayant pu obtenir des quantités suffisantes et nécessaires d'engrais.

La raison rendant difficile leur approvisionnement est dû aux difficultés liées à l'acheminement des produits azotés à partir des unités de production d'Asmidal de Annaba; ces produits étant soumis, depuis une année, à une réglementation draconienne.

Cette situation a induit un abaissement de la production dont le niveau reste tout de même acceptable puisqu'on table sur une production minimum de 200.000 t récoltées sur les 7.000 ha environ emblavés.

Pour l'instant, eu égard aux résultats jugés très positifs obtenus par le SYPRALAC (Système de Régulation des Produits à large consommation) mis en pratique l'année dernière et qui a évité la spéculation et l'envolée des prix du tubercule à des cimes inaccessibles pour le consommateur, le prix au détail n'a pas dépassé les 40 DA. M. Achour, DSA, rappelle les objectifs de ce plan à savoir: protéger le producteur lui-même contre les aléas du marché et son évolution en dents de scie, son encouragement par les primes payées jusqu'à concurrence de 10 milliards de DA, veiller à ce que le prix du kilo oscille entre 25 et 30 DA et pas de rupture d'approvisionnement durant les mois de septembre et octobre. Aussi, fort des résultats plus que probants obtenus par le SYPRALAC, l'appel vient d'être lancé aux producteurs pour leur adhésion à ce dispositif en vue de la constitution d'un stock pour opérer la soudure entre deux cycles de production (période creuse), c'est-à-dire la période s'échelonnant sur les 2 mois de mars et avril prochains.