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Complicités pour meurtre

par Ahmed Saïfi Benziane

Olmert se dit désolé pour les victimes civiles. Tout simplement désolé. Désolé pour le crime abject de 500 enfants morts dans les conditions aussi, sinon plus inhumaines que celle de l'épisode des chambres à gaz durant lequel les Juifs pouvaient fuir ou rejoindre les rangs de la résistance. Et pourtant... Il considère dans son délire meurtrier que les autres victimes sont donc militaires et que son but n'était autre que celui de déstabiliser les « bras armés » du Hamas, sachant que les roquettes lancées à partir du sud Liban sur le nord d'Israël ne provenaient pas de ces « bras armés ». Une façon de nier une résistance populaire à une occupation, en présence et avec la complicité d'une Europe conciliante qui se ballade de Cherm-Echeikh et El-Qods en un mouvement à sens unique, cachant mal ses titubations provoquées par le croche-pied de Ghaza. Cherm-Echeikh est devenue le lieu où se négocient les intérêts arabes sur le dos des Palestiniens, lieu à partir duquel on déclare une guerre contre un peuple et où on fait semblant de négocier une paix unilatérale pour sauver une face sans nez. Cela pourrait être risible si ce n'est le crime punitif commis à l'encontre de civils par le sionisme, idéologie allant en contre-courant avec notre temps. Un sionisme qui s'est faufilé sournoisement dans le marketing de la victimisation du juif, jusqu'à s'imposer comme une arme de guerre génocidaire. Cela dure depuis soixante ans sur une terre promise à tous, pour le bien de tous et que s'accaparent une bande d'aventuriers sans morale, qui ne reculeront même pas devant le déclenchement d'un conflit international. Ils l'ont prouvé. Ils l'ont provoqué. Israël est devenu le centre de préoccupation de toute la communauté internationale. De toute politique étrangère. Mais alors, qu'y a-t-il en périphérie de ce centre ? Il y a bien sûr les amis d'Israël, Etats-Unis en tête, gardiens d'une démocratie occidentale à plusieurs vitesses, détenteurs du droit de veto, menteurs comme un cow-boy, pollueurs de la planète et source de crises dont la dernière, de nature économique et financière, a montré les limites du libéralisme même en l'absence de contrepoids. Source de faillite dont les peuples de la planète paient le lourd tribut au seul profit des multinationales. On en attend beaucoup avec l'arrivée du « miracle Obama » et il n'en sera rien simplement parce que la stratégie américaine au Moyen-Orient détermine la survie des USA et Israël en est l'avant-poste, le moteur. Ceci expliquant cela, il paraît difficile de poursuivre un criminel de guerre israélien devant une juridiction internationale, le jeu juridique étant fermé par avance, bien que certaines procédures puissent le contourner en offrant même une faible chance à l'aboutissement de la justice humaine. Ensuite vient l'Europe et ses valeurs mercantilisées, unie pour le pire des autres, se débattant pour maintenir le taux de chômage à un niveau électoralement admis, le taux de change de l'euro loin des griffes du dollar, les coûts énergétiques abordables par les industries et les ménages, l'inflation à l'ombre des courbes ascendantes, l'immigration clandestine au-delà des ports, l'islamisme grimpant dans les mosquées, l'exportation à son niveau le plus élevé. Tenir donc les chiffres d'une main et la parole donnée de l'autre, le regard braqué sur les richesses pétrolières des Arabes en pleine réconciliation entre eux. L'Europe joue les artificiers en temps de guerre et les souffleurs entre deux guerres. Israël en constitue la culpabilité la moins évacuée et l'atout électoral le plus sûr. Elle continuera à soutenir un Etat artificiel, emmuré derrière une honte en béton de trois mètres de haut et de plusieurs kilomètres de long. L'Europe des Droits de l'Homme et de l'ingérence humanitaire sait combien il lui en coûte en fermant les yeux à la vue du sang des enfants de Palestine. Rien. Puis viennent les Arabes. Entité géographique, linguistique et religieuse, don du Ciel, pour les diviser en une multitude de tribus semée en une géographie faite pour les unir et dont ils ne retiennent que les sièges sur lesquels ils s'affalent une fois les gifles frappant leurs joues enflées par le sommeil. Ils gesticulent à l'intérieur de leurs habits trop larges pour les supporter, le visage enveloppé de turbans couronnés d'un lacet même costumés. Les Arabes se rencontrent pour ne rien dire, s'embrassent pour se tâter, s'assoient pour dormir et se lèvent pour changer de siège ou s'allonger à nouveau sur des canapés, les mains égrenant un chapelet de temps, murmurant une langue qui aurait pu créer des armes s'ils savaient la parler plutôt que de la dire. Ils se déplacent en avion sans oser le construire, achètent des armes sans faire la guerre, puisent du pétrole sans forer les puits, construisent des pays sans peuples, offrent des cadeaux sans occasion, occupent une terre sans en connaître le prix. Le coût de leur aveuglement : le massacre de Ghaza. Pleureurs par destin, ennemis par fraternité mal assumée, mal comprise, affaiblis par manque d'intelligence, inconscients par écrasement de la liberté d'expression, enterrés avant que d'être, ils savent offrir à la Palestine un peu de sous une fois morte. Mais la Palestine, souvent, oublie de mourir et leur rappelle qu'elle avait besoin d'armes pour sauver leur honneur. Que les maisons et les routes peuvent être reconstruites, que les enfants assassinés peuvent être vengés en enfantant encore plus, que la poésie peut être réécrite, que l'histoire n'a pas dit son dernier mot à leur propos d'abord, à propos d'Israël ensuite. C'est ce qu'à compris le Hezbollah, c'est ce que l'Iran a compris. En périphérie, il reste la Palestine et les Palestiniens abandonnés à leur sort, à leurs divisions, à la faim, aux bombes du sionisme. En périphérie, il reste les peuples arabes et tous les peuples du monde qui ont surgi de leur silence pour afficher leur hostilité à une guerre sans nom et qui se sont exprimés contre toutes ces périphéries officielles qui se sont tues pour préserver leurs pouvoirs. Il reste quelques intellectuels juifs qui se sont démarqués du sionisme au risque d'être excommuniés et des intellectuels arabes qui ont marqué leur temps en parlant la langue qu'il faut au moment où il a fallu. Il reste Chavez et Morales dont les portraits ont été hissés par des manifestants arabes, pendant que les portraits des gouvernants arabes servaient tout juste à y jeter des chaussures sales. Il reste la foi en des valeurs qu'il faudra reconstruire. Il reste que le sionisme doit disparaître.