Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Langue (s), langage (s) et... Communication politique!

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Lors de l'entretien du Président Abdelmadjid Tebboune avec la presse nationale, le vendredi 24 février 2023, beaucoup de choses ont été dites, les journalistes présents ayant été assez offensifs. Mais, pour moi, là n'est pas la question. J'ai surtout noté qu'en matière de langues utilisées, on a eu droit à trois expressions langagières. De manière assez nette. Une triglossie ne disant pas son nom et qui a fait son petit bonhomme de chemin malgré tous les obstacles naturels ou dressés sciemment ! - L'une en bon français (parfait), celle du journaliste du journal privé, l'Expression.

-L'autre en bel arabe dit classique (châtié), celle du journaliste de la Télévision publique internationale - La troisième (les réponses), the last but not the least, c'est celle en «arabe médian» du Président A. Tebboune.

A dire vrai, me reposant sur mes seules observations autour de l'outil, ce fut la plus compréhensible des téléspectateurs lambda, qu'ils soient francophones ou arabophones ou même amazighophones. Car, une langue (de large communication) qui se rapproche beaucoup plus de «notre» langue nationale et populaire algérienne. Respectant les règles grammaticales en usage, agrémentée de très rares et courtes phrases en français, fleurie de quelques adages populaires et de quelques citations religieuses, elle a représenté presque exactement ce que pourrait (et va, peut-être, je l'espère) être l'arabe algérien médian, maghrébin, moderne, ce que certains linguistes appellent déjà la «langue-maquis du peuple». Pour l'instant, elle n?est que le meilleur outil (quant à l'efficacité) de large et efficace communication politique.

Bien sûr, cet usage n'est pas le premier et déjà certains premiers magistrats s'y sont essayé, avec plus ou moins de bonheur, certains ne maîtrisant pas les règles grammaticales, d'autres ne maîtrisant pas les vocabulaires (populaires et/ou classiques) adaptés. Boumediene sachant s'adapter à ses publics, donc modulant à merveille ses discours. Bouteflika sachant «s'amuser» du verbe et des foules. Il était clair qu'il fallait (et il faut encore) seulement donner du temps au temps, laisser le temps faire son oeuvre (et il le fait certes avec lenteur mais bien et en douceur), tenir compte des réalités du terrain sans trop s'y embourber et, surtout, respecter et maîtriser toutes les langues et langages en présence, tout en osant leur emprunter, sans les déflorer, leurs mots, leur esprit et surtout leur génie.