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Alger ou le maelström hivernal

par El-Houari Dilmi

Alger, première vitrine du pays, offre un piteux spectacle dès la tombée des premières gouttelettes de pluie. Les images d'une giga cité dévastée par la gadoue et les glissements de terrain confirment, encore une fois, l'incurie chronique de ceux chargés de la gestion cahoteuse de la chose publique. Le plus dramatique, c'est qu'il y a eu mort d'homme dans des quartiers du vieux Alger. D'imposants immeubles construits récemment sur une falaise, en plein cœur de la capitale, sont préposés à la démolition pure et simple au vu du risque avéré sur les habitants. Quid de ceux qui ont autorisé la construction de ces sortes de tombeaux ouverts; s'ils seront appelés à rendre des comptes ou pas ? Comme une vieille dame dont le maquillage est trahi par les premières larmes, la capitale est victime d'une gestion chaotique, malgré les quelques liftings ici et là pour lui donner un visage plus amène. Un argent fou a été englouti pour faire d'Alger une capitale digne du plus vaste pays d'Afrique, mais il devient trop évident que la ville de Sidi Abderrahmane croule sous son propre poids. En janvier 1967, il est décrété qu'Alger est une ville constituée de dix arrondissements et son secrétaire général est nommé par décret. En février 1977, une ordonnance change radicalement le statut de la ville : elle devient une collectivité constituée par 13 communes et un Conseil populaire de la ville d'Alger (CPVA). En mai 1997, est créé le gouvernorat du Grand Alger. Autant de «statuts provisoires», donnés à la première ville du pays, sans arriver à en faire une vitrine digne d'une puissance régionale.

L'idée de déplacer la capitale administrative vers l'intérieur du pays aura, elle aussi, fait long feu. Sans parler de la probabilité d'un tremblement de terre dévastateur. Alger, qui est située à 1h30 de l'Europe, se retrouve dépassée dans le classement par les capitales africaines au niveau de vie beaucoup moins élevé. Une «hchouma» qu'il faut corriger au plus vite. Parce que le temps est un tranche-lard que nous portons tous comme une médaille aux mille et un revers...