Le pays
doit-il reculer pour mieux avancer, ou doit-il tout simplement avancer en
arrière ? L'Etat-mamelle est-t-il en train de tomber carrément dans les bras
ouverts du peuple-gamelle ? Il paraît que la justice algérienne a atteint sa
vitesse de croisière dans la lutte tous azimuts contre les voleurs de l'argent
du peuple. Même s'il n'est pas bon de parler d'argent, parce que ça énerve ceux
qui n'en ont pas. Parce que l'argent c'est tout ce qui restera au pays
lorsqu'il aura tout perdu, faut-il craindre de voir ce bled transformé en un gigantesque
coffre-fort, dont tout le monde connaît la combinaison et attend le moment
opportun pour mettre la main dans le sac ?! La
tragique moralité est aussi vieille que le bipède qui créa la première monnaie
des primates anthropoïdes. La sueur de son front étant une «denrée» disparue
depuis des lustres, pourquoi alors dilapider son huile de coude lorsqu'il
suffit juste d'ouvrir sa bouche pour avaler le pays découpé en quartiers entiers? La galette demeurant encore et toujours le pain
bénit de certains et le croûton rassis le gâteau maudit des autres, tout le
monde continue à rêver au chemin le plus court vers le trésor éventré de toutes
nos incuries. L'histoire qui suit est d'une tragique vérité : quelque part
entre Tidda et Aïn El Makan, dans l'arrière-pays trop profond, Larbi est un
bipède-commissionnaire en col usé, sévissant à l'état naturel dans un bureau miteux; jusque dans le tiroir-caisse fermé avec une serrure
sans chas. Le rôle «naturel» de Larbi est de toujours
réclamer un cinquième du gâteau, juste pour zyeuter le dossier, l'examiner, le
disséquer, l'entourlouper, le lire à l'endroit, puis à l'envers, avant de le
ranger avec un soin sacerdotal dans le troisième tiroir à partir du bas de son
bureau papivore. Alors, pour arracher sa part volée du gâteau mijoté sans lui,
il a la très «démocratique» idée de placer à l'entrée de son bureau une
tirelire grandeur nature, capable de contenir jusqu'au double -de son poids
mouillé- en oseille, qui n'exhale jamais d'odeur ni n'a de couleur. Le premier
«ponctionné» déposa deux kilos de pièces de monnaie usées dans la tirelire à
Larbi, ouverte aux quatre vol(s). Le second, plus friqué, misera un mois de
sueur froide pour y incruster un quintal en fausses coupures de deux cents
dinars «chiffonnés». Le troisième, plein aux as, y mettra carrément un million
de (d)euros pour remplir la tirelire à ras bord. Le
quatrième, le cinquième, puis le énième ponctionné finiront de faire dégouliner
la tirelire, sous le regard orgasmique de Larbi. Mais comme il y a beaucoup de
Larbi qui n'ont de leur fortune que la crainte de la
perdre, autant voler le flouze à ceux qui l'ont chipé !