«Le
Hirak a sauvé l'Etat algérien de l'effondrement»,
aurait déclaré récemment le Président Tebboune dans
un entretien accordé à la chaîne de télévision russe RT. L'aveu du Président
vaut son pesant d'or, non seulement au regard de l'ampleur des dégâts
occasionnés par le clan Bouteflika au pays, mais aussi la circonstance où il a
été fait, c'est-à-dire à la veille du premier anniversaire du Hirak populaire. En vérité, au bout de vingt ans de règne
sans partage, l'Algérie s'est retrouvée orpheline d'élite, de partis politiques
structurés, de culture, d'éducation, d'enseignement supérieur, d'économie, de
diplomatie, etc. Aucun secteur n'est épargné par la mauvaise gestion, la
bureaucratie, la corruption, et le pays saigne de partout à cause de la fuite
accélérée des cerveaux et les perspectives économiques bouchées.
Lors de la rencontre gouvernement - walis, tenue le 16 février
dernier au palais des Nations, le nouveau locataire d'El-Mouradia
s'est même permis d'interrompre son discours, chose très rare d'ailleurs, pour
inviter l'assistance à visionner un reportage poignant, qui montre la situation
précaire de l'Algérie profonde : des citoyens qui se plaignent depuis des
décennies du manque d'infrastructures vitales sans jamais trouver la bonne
oreille qui les entend, des élèves qui rejoignent leur école sur des bennes de
camions et de tracteurs, des jeunes livrés à eux-mêmes, sans travail ni
structures de distraction, la malvie de certains
quartiers, sans eau ni électricité, ni moins encore la moindre commodité de
vie. Le reportage ayant ému plus d'un parmi
les présents dans la salle, a touché aussi des millions d'Algériens derrière
l'écran, qui découvrent que leurs responsables les ont enfin «découverts», dans
leur galère quotidienne, leurs misères matérielles, leurs soucis interminables
avec des responsables locaux, souvent véreux et sans scrupules. Mais de telles
images sont-elles seulement l'apanage de l'Algérie profonde ? Malheureusement
que non ! Toute l'Algérie est en butte à ces maladies transmises par «le
syndrome de la rente» qui corrompt, pervertit les moeurs,
dévie les comportements et sabote les mentalités. L'urgence, toute l'urgence,
c'est de renouer avec le peuple, et pour renouer avec ce dernier, aucune
panacée universelle n'est possible, sauf «l'abécédaire démocratique» dont la
règle n°1 est la transparence. Celle-ci, avec les réformes démocratiques et
structurelles, étant à même de rétablir la confiance du citoyen lambda, déçu de
la prestation officielle, et d'ouvrir la voie pour une refondation de la maison
algérienne sur de nouvelles bases. Autrement dit, réaliser un changement en
profondeur du système dans sa globalité, lequel débouchera sur le New Deal
algérien. Puissent enfin toutes ces zones d'ombres du passé disparaître, et se
transformer en zones de lumière, pour le bien de tous.