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Me Dabouz, mes respects !

par Moncef Wafi

Alors que certains anciens hauts responsables restent toujours des privilégiés du système, le pouvoir algérien mène une guerre sans merci contre les libertés individuelles. Pour dénoncer ces injustices, des hommes épris de liberté et de justice n'ont pas hésité à mettre en péril leur propre existence en recourant à des grèves de la faim illimitées. Des hommes sont morts en prison, d'autres résistent encore et le dernier en date est l'avocat et défenseur des droits de l'homme, Salah Dabouz, qui, aujourd'hui, entame son neuvième jour de grève.

Le défenseur de feu Fekhar croit fermement que la mort est plus salutaire que vivre dans l'injustice et l'indignité. Par son action, il veut attirer l'attention sur le dossier de son mandant mais également sur son propre cas, lui, qui est soumis à un contrôle judiciaire trois fois par semaine, à 600 km de son lieu de résidence et de travail. Vous avez bien compris, depuis avril dernier, le monsieur est obligé, trois fois par semaine, de se rendre à Ghardaïa pour pointer sous peine de se retrouver en taule. A comparer avec d'ex-ministres qui sont poursuivis pour une batterie de chefs d'accusation aussi graves les uns que les autres et qui ne sont obligés de pointer qu'une fois par mois, on se demande où s'arrêtera ces deux poids et deux mesures. Me Dabouz n'est pas un cas isolé et nombreux sont ces femmes et ces hommes à croupir derrière pareille décision. Le combat de la robe noire ne doit pas être individuel mais concerner tous les Algériens quelles que soient leurs conditions. Le refus de la justice de toute requête en action en responsabilité contre l'Etat algérien intentée par Mme Fekhar doit interpeller les consciences et s'interroger sur un Etat qui n'a de droit que l'appellation.

Le combat de Dabouz est celui de tous les Algériens. Tant que ce pays n'aura pas une justice indépendante, on vivra toujours sous le joug du plus puissant. Et si un jour, par enchantement ou quand les Algériens auront enfin un pays, la justice serait au-dessus de tout le monde sans exception, alors nous pourrons parler vraiment d'un Etat de droit.