Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Du problème de la représentativité populaire

par Ahmed Farrah

La cacophonie d'aujourd'hui fait gagner du temps au pouvoir et arrange bien sa tactique d'isolement des irréductibles qui peuvent lui fausser ses calculs. Les consultations et le rapprochement avec certaines personnalités politiques et certains intellectuels médiatisés entrent dans ce jeu qu'il a toujours maîtrisé, mais plus maintenant. La Rue lui conteste la légitimité et c'est elle qui a ses atouts en mains parce qu'elle sait que les règles ont changé et sont en sa faveur contrairement aux années 1990. Aujourd'hui, l'épouvantail islamiste ne peut plus faire diversion et briser encore une fois les rêves légitimes et le destin d'un peuple pacifique qui a montré au monde sa maturité politique et sa détermination à faire respecter le droit en disant non à la violation de la Constitution par ceux-là mêmes qui sont censés la protéger. Ceux qui veulent l'entraîner dans un temps « post-constitutionnel » risquent de faire basculer le pays dans des situations incontrôlables, très dangereuses et déterminantes pour la pérennité de l'Etat-nation.

Pour éviter le pire, les décideurs ont la charge historique de ne pas emprunter les sentiers de l'abîme. La Constitution actuelle possède les mécanismes de sortie de crise et l'article 102 reste le seul à pouvoir faire sortir le pays de ces incertitudes. Nous ne sommes pas à la cité antique d'Athènes pour que le peuple s'auto-représente.

L'Algérie est un pays de 40 millions de personnes traversé par des courants et des sensibilités différentes et polarisantes. Son étendue presque continentale et sa variété culturelle et ethnique peuvent provoquer des mouvements centrifuges en mesure de réorganiser sa géographie, ce qui serait suicidaire pour tout un peuple.

Restons donc dans la légalité constitutionnelle et allons vers une vraie rupture avec ce système fermé et totalitaire reposant sur la force et la répression. Pour ce faire, le président Bouteflika devra d'abord dissoudre l'APN et démissionner tout de suite après, pour laisser au Sénat l'accompagnement de la transition.