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Selon
un rapport de l'International Crisis Group (ICG),
publié au mois de novembre 2018, la crainte d'un retour de violences sonne
comme un refrain régional commun pour des pouvoirs politiques qui, même
autoritaires, seraient l'unique rempart face aux conflits sociaux et à la
désintégration du tissu étatique. En conséquence, le slogan de la continuité
est toujours justifié, aussi bien vis-à-vis des puissances occidentales
effrayées à l'idée de flux migratoires massifs sur leur territoire que vis-à-vis
du peuple qui craint l'insécurité, par l'impératif de la stabilité. En Algérie
par exemple, vu que le traumatisme de la décennie noire est vif, le scénario du
chaos est agité comme un chiffon rouge devant des masses de jeunes avides de
changement. Tout l'arsenal argumentaire de la nomenklatura tourne autour de ce
stéréotype vide de sens alors que le fossé entre responsables politiques et
citoyens, né d'une paralysie politique non soignée, se creuse chaque jour
davantage. C'est un signe on ne peut plus éloquent d'un divorce irrévocable
entre ceux d'en haut et ceux d'en bas. Les réformes placebo « esthétiques », et
sans portée stratégique des exécutifs successifs, depuis au moins vingt ans,
ont provoqué de la frustration et un sentiment de ras-le-bol général dans la
rue algérienne. Il est désolant de rappeler que, dans cette conjoncture-là, le
pays n'est guère invulnérable ! Un scénario à la vénézuélienne est probable
face à l'entêtement du pouvoir en place à s'accrocher au cinquième mandat de
Bouteflika. Cela est d'autant plus inquiétant que les prix du pétrole sont en
baisse continuelle. D'ailleurs, si l'on en croit les prévisions des
spécialistes, le bas de laine du trésor public pourrait descendre à moins de 30
milliards de dollars d'ici 2022. Si, en plus, nous ne maîtrisons pas les
dépenses publiques, nous aurons des taux d'inflation incroyables à deux, voire
à trois ou quatre chiffres. Ce qui nous exposera aux pressions étrangères de
toutes sortes. La sonnette d'alarme devrait être tirée car, à l'urgence de
notre situation économique, s'ajoute celle du blocage politique tous azimuts
avec cette candidature ubuesque de Abdelaziz Bouteflika, laquelle cristallise
toutes les colères et pourrait mener à l'explosion, sur fond de dissidence
citoyenne.
Notre jeunesse a plus que jamais besoin d'un nouveau souffle de liberté. La mentalité du rentier juché sur ses barils de pétrodollars et s'enrichissant aux dépens de la communauté par la corruption a atteint ses limites au jour d'aujourd'hui. Par sa forte mobilisation citoyenne durant ces dernières semaines, le peuple a exprimé son rejet de ce logiciel périmé de la rapine dont ont abusé ses élites gouvernantes. Préparer un futur pour notre jeunesse en panne d'espérance, devrait présider au choix de ceux qui préfèrent le statu quo et la stagnation aux remises en question et au progrès. Bref, le cinquième mandat est une option suicidaire, non seulement pour ce système grabataire et moribond, mais aussi pour toute cette Algérie qui aspire à autre chose qu'à un fauteuil roulant en guise de symbole ! |
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