Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

La conjuration des imbéciles *

par Moncef Wafi

Ils nous ont menti. Effrontément. Sur l'Irak, l'Afghanistan, la Libye. Et le monde les a crus. Aujourd'hui, ils nous mentent encore. Sur la Syrie. Tantôt, c'est une fiole capable d'exterminer toute vie sur terre. Une autre fois, le témoignage sur des viols de couveuses ou la découverte de charniers. Et souvent, ce sont les mêmes victimes. La prétendue attaque chimique sur l'enclave de la Ghouta orientale est l'argument number one de la coalition pour raser la Syrie. De l'ineffable Trump, prêt à provoquer la troisième guerre mondiale, aux troufions de service, Anglais et Français, on affûte les armes et on bat les tambours.

Il faut dire que sans l'appui de ses alliés, Bachar Al-Assad aurait depuis longtemps connu le même sort macabre que Kadhafi ou Saddam Hussein et il serait vraiment stupide qu'à la veille d'une victoire militaire il n'aille hypothéquer son issue en gazant la population. Que le président syrien soit un tyran, un dictateur ou un assassin ou tout ce que vous voulez, pour reprendre la propagande otaniste, il n'est certainement pas un sombre crétin, lui qui est conseillé par Moscou.

Joseph Goebbels, le chargé de com de Hitler, disait que plus le mensonge est grand, plus il passe et on se trouve justement dans cette configuration. Les médias occidentaux ont pris le relais, lâchant leurs snipers sur les plateaux-télé, les gouvernements actionnant leurs spin-doctors pour justifier les prochaines pluies de tomahawks sur la tête des Syriens. Pour ceux qui pensaient que la guerre en Syrie est finie, ils en sont pour leur frais et tant que le fils à son père règne toujours sur Damas, la coalition, financée par les nouveaux grands amis d'Israël, n'aura de cesse de fomenter des troubles et d'armer les terroristes de Daech. Le but étant double : détruire la Syrie, cordon ombilical entre l'Iran et le Hezbollah et fixer sur place les milliers de djihadistes d'El Baghdadi, les empêchant de rentrer au bercail, en Europe.

L'attaque chimique d'El Ghouta n'est pas la première désinformation balancée sur l'opinion publique internationale. Mais aussi vrai que son caractère est sujet à débats, le mensonge possède le poids de l'alibi d'un doigt sur la détente. La guerre contre la Syrie n'étant pas encore gagnée, on imagine des scénarios catastrophes dignes des navets de Golan et de Globus où les méchants arabes n'hésitent pas à attaquer au gaz moutarde-hrissa une population civile désarmée et sans défense. Les cow-boys arrivant plus tard pour instaurer la démocratie à l'occidentale et chasser le caricatural dictateur. Mais voilà, Assad n'est pas seul et les Russes ont décrété que la bataille de Damas sera aussi celle de Moscou.

The end et au prochain épisode !

*Titre du roman de J.K. Toole