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Alors que
l'Allemagne affiche un remarquable excédent budgétaire, un chômage maîtrisé et
des records en matière de commerce extérieur, les nationalistes de « l'Alternative
pour l'Allemagne » (AFD), un parti eurosceptique créé en février 2013, sont
parvenus à se placer, lors des élections générales du mois de septembre
dernier, en troisième force sur l'échiquier politique du pays. En effet, Berlin
voit monter, de plus en plus, la droite lors de ses rendez-vous électoraux, de
ces dernières années, et le dédain des électeurs vis-à-vis des deux grands
partis traditionnels, à savoir : le CDU-CSU et le SPD ne cesse de creuser le
fossé entre les masses populaires et les élites dirigeantes. Ainsi, la
Chancelière Angela Merkel a mis près de six mois pour former un gouvernement de
coalition, tant l'équilibre partisan, secrété par ces élections-là, est très
fragile. Presque le même constat en France, où Marine Le Pen est arrivée au
second tour des présidentielles de mai 2017, face à Emmanuel Macron. Second
record historique dans le répertoire du Front National après celui de 2002
quand Jean-Marie Le Pen aurait affronté le candidat de la droite Jacques Chirac
au second tour. Ce qui a suscité, à l'époque, la mobilisation de toute la
classe politique hexagonale à son encontre. Il est vrai que, éreintée comme en
Allemagne par la crise économique et la dégradation du climat sécuritaire,
après les attentats terroristes ayant visé l'Hexagone, de larges pans de la
société française semblent attirés par le vote pour l'extrême droite. En Italie
aussi, sur fond de crise de migrants et la conjonction entre la crise
économique et l'ingouvernablité symptomatique du
système politique, le mouvement 5 étoiles, parti anti-système
dans l'âme, est arrivé en tête lors des législatives du 4 mars dernier, avec
près 32% des voix, améliorant, de façon spectaculaire, son score de 25%,
réalisé auparavant, en 2013. Désormais, première force politique italienne,
celle-ci est dirigée par Luigi Di Maio, un jeune leader de 31 ans, dont l'image
médiatique soignée tranche radicalement avec celle de l'humoriste trop
démagogique Beppe Grillo. Pour rappel, dans la foulée
de cette victoire du mouvement 5 étoiles, même l'indéboulonnable Silvio
Berlusconi n'a pu ratisser large par ses vieilles ficelles démagogiques,
devancé par la Ligue du Nord, alors que Matteo Renzi
qui incarne les couleurs de la gauche se voit tout simplement laminé.
En somme, outre l'Europe de l'Est, trop ravagée déjà par le populisme, les démocraties occidentales bouillonnent, à leur tour, sous le poids d'une démagogie aussi populiste qu'identitaire subissant, de plein fouet, un désarroi démocratique sans précédent. Cela est dû, d'une part, à la crispation identitaire induite par les effets d'un multiculturalisme et d'un mondialisme libéral mal assumés par la base électorale. D'autre part, les difficultés économiques, l'accroissement des inégalités et les tensions sociales poussent les populations dans l'abîme face à des lendemains plus qu'incertains. |
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