Moins de
trente ans après la chute de l'Union soviétique, Vladimir Poutine fait comme si
la Russie n'avait jamais perdu, au sortir de la guerre froide, en 1990.
D'ailleurs, à seulement quelques jours de la présidentielle prévue le 18 mars
prochain, ce dernier a montré dans son discours annuel au parlement,
infographies et vidéos à l'appui, que la puissance de la Russie ne cesse
d'augmenter malgré les sanctions économiques occidentales à son encontre
(armement, technologie de pointe, poids politique à l'international? économie,
etc.). En effet, la Russie a retrouvé, notamment au Moyen-Orient, une influence
plus grande que la défunte URSS à la fin du XXème siècle. Aujourd'hui, celle-ci
intervient partout dans le monde, jusqu'en Libye, sur la rive sud de la
Méditerranée où le maréchal Khalifa Haftar, inféodé à
l'orbite de Washington, s'est vu honoré par le soutien de Poutine, après ses
deux premières visites à Moscou en 2016. En Syrie, les forces militaires russes
ont sauvé in extremis le régime d'Al-Assad d'une défaite certaine face aux
rebelles de l'armée syrienne libre (A.S.L.) et la nébuleuse Daech
au moment où, côté diplomatique, le Kremlin s'emploie présentement à trouver
une issue politique négociée à la guerre civile qui ravage ce pays depuis
maintenant près de 7 ans. Au Golfe, Poutine semble adopter une autre approche,
moins radicale et très stratégique, face aux monarchies des pétrodollars pour enrayer
l'influence américaine dans la région. Pour preuve, après la visite
«historique» effectuée en Russie en début d'octobre dernier par le roi Salmane ben Abdelaziz Al Saoud,
les Russes ont pu parapher d'importants accords militaires et surtout énergétiques
avec le royaume wahhabite. Ce qui fait de Moscou et Riyad, les deux premiers
exportateurs de l'or noir à limiter leur quota de production, forçant la main
aux membres de l'O.P.E.P. de les suivre. Au demeurant, ces derniers ont décidé
le 30 novembre dernier de prolonger jusqu'à la fin de 2018 la réduction de leur
production pour résorber complètement l'excédent de l'offre sur le marché.
Résultat immédiat, les prix du baril de pétrole ont remonté au-delà de la barre
de 50 dollars ! Il y a, aussi, un autre dossier où Poutine a brillé : le
conflit israélo-palestinien. Les Russes ont pu amadouer le Premier ministre
Netanyahou et réduire ses menées bellicistes. Allié inconditionnel des U.S.A,
ce dernier aurait effectué, ces dernières années, plusieurs visites à Moscou.
Bref, il est clair qu'ayant vu sa cote de popularité monter après l'annexion de
la presqu'île de Crimée en 2014, Poutine caresse le rêve de redonner à son pays
le rôle de première puissance mondiale. Ce qui n'était pas vraiment facile à
réaliser du temps d'Obama.
En ce 2018,
la Russie est l'interlocutrice officielle avec l'Iran, la Syrie, l'Arabie
Saoudite. En même temps, elle a pu tisser de solides liens avec le Qatar, isolé
récemment par les Saoudiens et les Américains, et s'est réconciliée avec la
Turquie d'Erdogan, membre de l'OTAN et allié de
l'oncle Sam.