La Corée du
Nord est-elle réellement sur le point de se doter d'une force de dissuasion
nucléaire crédible comme l'affirment, aujourd'hui, certains analystes de
plateaux-télé? Ou ce n'est là que de la surenchère
médiatique occidentale dans le but de forcer «la communauté internationale» à
agir au plus vite contre ce «Rogue State» (pays-voyou), pour emprunter la
terminologie de l'administration américaine? Puis quel
sera l'avenir des relations sinon-nord-coréennes suite aux derniers
rebondissements de la crise survenue dans cette péninsule asiatique?
Cette dernière question est d'autant plus importante que, premier soutien et
partenaire commercial de la Corée du Nord, la Chine reste plutôt, actuellement,
dans la condamnation timide de son voisin que dans sa position habituelle
d'allié stratégique! D'ailleurs, elle a, fait combien
rarissime, protesté officiellement le 4 septembre dernier auprès de
l'ambassadeur nord-coréen à Pékin! Pour cause,
Pyongyang qui aurait accepté, en 2007, de démanteler tout son arsenal nucléaire
et d'être inspecté par l'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA)
contre un million de tonnes de carburant n'a jamais été fidèle à ses
engagements. Ce qui peut créer aux Chinois des tensions régionales
difficilement maîtrisables. Il paraît que les sanctions économiques imposées,
jusque-là, par l'Oncle Sam n'ont guère dissuadé Kim Jong-un de développer son
programme de missiles nucléaires. Et ce ne sont, sans doute, pas les récentes
déclarations incendiaires de Donald Trump sur Twitter, qui envisageait d'arrêter tout échange, économique
ou diplomatique soit-il, avec les pays entretenant des rapports commerciaux avec
ce régime communiste, qui vont le raisonner. Le dirigeant nord-coréen s'est
même vanté, sur le ton du défi, d'avoir réalisé, avec succès, son essai de
bombe à hydrogène, dite bombe «H». Un essai qui intervient, pour rappel, après
plusieurs tirs balistiques intercontinentaux au cours de l'été. Ce qui a
soulevé, en premier lieu, l'ire de sa voisine rivale, la Corée du Sud, puis
celle de ses alliés stratégiques, à savoir les Etats Unis, la France, le Japon,
etc. Ces derniers y voient, en effet, avec Séoul, une sérieuse menace pour la
stabilité de toute la région et s'apprêtent à étudier, dans les jours à venir,
la perspective de nouvelles sanctions. Mais peu rassurés par rapport à la
position chinoise qui risque à tout moment de basculer, ils peineront, sans
l'ombre d'un doute, à afficher un front uni au Conseil de sécurité de l'O.N.U.
De toute façon, cette escalade militaro-diplomatique n'en est pas restée là,
puisque les dirigeants de la Corée du Sud auraient annoncé aussi, de leur côté,
le renforcement de leur bouclier anti-missiles, avec 4 nouveaux lanceurs
balistiques, qui compléteront le dispositif américain «Thaad»
(Terminal high-altitude area defense), existant déjà
sur leur territoire. De même ont-ils procédé dernièrement, à des manœuvres
militaires à munitions réelles, visant des cibles en mer du Japon situées à
distance équivalente du site de tir nucléaire nord-coréen. Enfin, tout ce
branle-bas du combat est-il à même de refroidir le zèle du dirigeant nord-coréen? Puis celui-ci réussira-t-il à faire entrer son pays
au club fermé des puissants nucléaires de ce monde? Ou
du moins à suivre la voie du Pakistan, l'Inde et Israël?
Pays qui ont, bien que dépourvus du droit de veto, développé un programme
nucléaire, au vu et au su de toute la planète.