|
|
Envoyer à un ami |
Version à imprimer |
Version en PDF
Tebboune à la rescousse
par Ahmed Farrah
Il n'y a
plus rien à partager entre ceux qui étaient déjà bien servis pendant les années
flouzes. Tout est parti du côté de Barcelone, de Neuilly et ailleurs aussi,
dans des paradis fiscaux révélés par des leaks.
Distribuer la disette n'est pas une chose facile à réaliser quand les symboles
du pillage et de la gabegie continuent à roder autour du râtelier. Ils doivent
quitter la mangeoire, faire profil bas et se faire oublier quelque part
ailleurs. Se mettre en travers du courant est suicidaire pour eux, à cause de
leur marque de fabrique. Déjà au 19ème siècle, Pasteur avait démontré
l'absurdité de la théorie des générations spontanées. Elles n'existent pas.
Tous ces fraîchement parvenus de bas en haut sont le résultat d'une bulle
pétrolière et d'activités d'officines sans noms. Le système politique algérien
nous a habitués au recyclage des figures encombrantes. Comme il les a faits, il
les défaits sans pour autant leur demander des comptes, pour continuer à
survivre au temps et aux événements. La vox populi, ou ce qui ressort des
commentaires sur les réseaux sociaux, est très partagée quant à l'action de M. Tebboune. Certains pensent que ce n'est qu'un
renouvellement saisonnier de la vitrine pour exposer la nouvelle collection de
mode, pensée et conçue dans des ateliers de haute couture. Ils avancent que la
démagogie et le populisme sont les meilleures réponses données pour satisfaire
parfaitement les «exigences» de certains peuples émotifs et sensibles aux
discours glorifiant le repli sur soi, désignant des boucs émissaires et prônant
la chasse aux sorcières. Ce type de discours et d'actions s'adressant plus à
l'affect qu'à la raison sont des armes aussi vieilles que le monde et très
efficaces à court terme pour manipuler et contrôler les masses. A chaque
nouvelle étape et en prévision de la suivante les dirigeants politiques
ratissent large pour avoir une période de grâce et asseoir leur ascendance sans
pour autant s'aventurer à déconstruire les équilibres sur lesquels sont bâtis
les vrais cercles du pouvoir. Les autres, la majorité, voient en M. Tebboune le Poutine algérien venu renverser la table et
chasser les vampires ayant saigné le pays durant des années. Pour ces derniers,
c'est le président Bouteflika qui l'a nommé pour corriger les méfaits de la
gestion du pays par les précédents chefs de gouvernement. L'action tous azimuts
et sur plusieurs fronts du Premier ministre est spectaculaire. Jamais
auparavant, un Premier ministre en exercice n'avait semblé aussi puissant et
avoir osé désigner les têtes pleines de poux en leur faisant savoir qu'il
n'était pas un ¾ de Premier ministre. Des commentaires vont jusqu'à prier Dieu
pour venir à son aide et le protéger contre tout mal. M. Tebboune
donne de l'espoir au moment où personne ne croit en l'autorité de l'Etat qui
n'arrive pas à faire exécuter la loi, donnant le sentiment d'avoir abdiqué face
à ceux qui le défient quotidiennement. Le petit peuple aurait aimé y croire si
le temps n'était pas contre M. Tebboune, à moins que
c'est lui l'homme providentiel, tant attendu en ces temps de désordre servant
plus l'ordre établi profitant aux magouilles des voraces sans limite... Que
demande le peuple ?! Du pain, des jeux et du
bien-être... ce n'est pas trop demandé.
| |
|