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Une ratatouille au menu

par Ahmed Farrah

La campagne électorale reste terne et traîne à drainer avec elle son monde. Les poids lourds ne le sont plus. D'ailleurs l'ont-ils déjà été un jour !? Leurs discours habituels baragouinés à leurs façons n'ont pas changé. Pleins de populisme et de promesses irréalistes. Comme toujours et aussi comme ailleurs, il faut le souligner quand même ! Les deux frères ennemis ont déterré les haches de guerre. Un combat de coqs s'annonce ou simplement une simulation ? Ils se disputent la parenté du Président. Le «chef» FLN rappelle là où il va qu'ils sont l'Etat et qu'il était temps de placer le pays entre des mains sûres. Le paternalisme et la démagogie ne quittent pas ceux qui savent les affectionner. En démocratie, un parti politique n'est pas l'Etat et il ne se substitue pas au peuple qui reste la seule émanation de la légitimité de l'exercice du pouvoir.

Quant à Ouyahia il veut «barrer la route aux courants intellectuels et religieux intrus...», comprendre par-là les voix discordantes prônant des discours contradictoires qu'il ne veut pas entendre. Mokri du MSP promet la création de deux millions de petites entreprises dans les cinq prochaines années...» On ne sait par quel miracle va-t-il les concrétiser, si ce n'est la vieille recette de marchands ambulants squattant les trottoirs et baignant dans le bazar informel. Saïd Sadi sort de sa torpeur et semble ébahi de voir des affiches du FLN écrites en tifinagh. Pour Benyounès l'impasse politique et les manifestations de rue (?) ne mènent pas à des solutions. Est-ce un renoncement à son passé militant et un regret du temps où il manifestait pour les libertés démocratiques ?! Seuls les imbéciles ne changent pas, dit le dicton ! Ghoul, le président du parti TAJ, voit grand et propose aux partis politiques de rassembler 70.000 militants pour le contrôle des urnes. Le scrutin risque-t-il d'être faussé et au profit de qui ? Il a sa petite idée, sinon il ne présentera pas une telle idée qui parait extravagante lorsque certains d'entre eux peinaient à recueillir les parrainages requis et n'ont que de petits locaux commerciaux loués ou des baraques illicites comme permanences électorales.

Le comble de certaines candidates voulant devenir parlementaires mais n'autorisant pas l'affichage de leurs photos à cause du conservatisme et des tabous qui lestent des pans entiers de la société algérienne, ce qui a poussé la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE) à mettre en demeure les partis concernés pour lever l'anonymat physique de leurs candidates. D'autres prétendantes ont mis carrément des photos de mannequins trouvées sur internet à la place des leurs pour faire belles et recueillir le sésame.

La plupart des partis parient sur des têtes intellectuelles qu'ils présentent à la candidature pour la députation contrairement à la précédente assemblée qui fut qualifiée de tous les noms d'oiseaux à cause du niveau de sa représentativité.

Cependant, le fait de mettre en exergue le niveau culturel des candidats aux élections législatives n'est pas une garantie de sa force de proposition et d'influence dans un système hyper centralisé qui ne lui confère pratiquement qu'un rôle d'enregistrement. On ne s'improvise pas homme politique venu d'une génération spontanée concoctée dans une officine quelconque. Le combat idéologique est une conviction bien ancrée et non une denrée marchande exposée sur les étals du marché du coin que n'importe quel argenté peut acheter. La politique a ses hommes et ses femmes comme la science, la littérature ou l'art ont les leurs. Ceux-là existent mais demeurent invisibles, étouffés par la machine qui façonne les figurants et les convives?

Malgré cela, l'espoir reste permis car la démocratie ne nait pas, elle aussi, avec des moustaches et sans apprentissage comme il est raconté dans les livres qu'ils n'ont pas lus. En attendant, contentons-nous du menu proposé. Bon appétit !