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L'acharnement contre Air Algérie vient d'avoir son
explication dans le monde cérébral algérien: c'est le préliminaire classique à
une privatisation ou une ouverture du ciel aux privés. On parle de Haddad; Amar
Ghoul parle de possibilité à moyen terme; une chaine TV s'en fait sa joie pour
y mettre son argent. Est-ce vrai ? Possible. Du moins nous avons l'habitude de
ce genre de scénario: quand une vache est attaquée, on dit qu'elle est
aphteuse. Mais dans l'ensemble, il ne s'agit pas que d'Air Algérie. Il s'agit
de la théorie du Khalifa bis. Le premier a mal fini, on le sait. Prototype
inaugural qui manquait de réglage: il a trop fait, a cru être autonome. Khalifa
un, incarne l'époque artisanale de l'opération. C'était une phase d'essai, avec
un automate peu fini, manquant d'autonomie de batterie, peu fiable et avec une
très petite mémoire. Du coup, les sceptiques algériens, adeptes de la théorie
du complot, parlent aujourd'hui d'un autre modèle: un Khalifa bis plus
performant, avec une meilleur mémoire, une meilleure batterie et plus
intelligent: pas de pharmacie, que du béton. Le Khalifa bis aurait résisté à la
tentation d'avoir une pharmacie, une banque, Catherine Deneuve et Depardieu et
Sidi Saïd. Il aurait préféré le béton, la route, le ciment, le chantier,
l'ouvrage d'art, le foot, les médias et le sponsoring politique. Il aura
résisté à tout, sauf à la tentation de voler dans les air avec sa propre
compagnie. C'est ce qui explique un peu le lynchage d'Air Algérie pour préparer
sa chute. Cela a fonctionné pour le textile, le médicament, la pomme de terre,
le mouton et la santé. Autant donc pour les airs. Le Khalifa bis n'est
cependant pas une seule personne, mais une sorte de mode opératoire national.
Khalifa un sera prochainement jugé et détruit. Le second est en mode actif et
étend son empire.
Passons. Quel est le mode de ce mode ? La réparation de l'histoire. Phrase énigmatique. Tout le règne Bouteflika est une sorte d'effort pour ne pas refaire les mêmes erreurs. Khalifa bis répare les erreurs du modèle Khalifa un. La nomination de Belkhadem (et son éviction) et d'Ouyahia comme homme de main à la Présidence, selon certains, serait une façon d'éviter Benflis-bis (je nomme un proche qui va me trahir et se présenter aux élections). La purge de l'Etat-major de l'armée serait une façon d'éviter d'être dans la dépendance comme en 92, 94 (quand il a fui) et 99 quand il a été nommé Président. Le régime hyper-présidentiel familial serait une réponse à l'éviction de 79 et son lot de trahisons. En gros, les actes de vieillesse seraient la réparation des erreurs de jeunesse. Tordu comme explication ? Oui. Mais un peu vrai. C'est juste une façon de siroter un café froid. En gros, on ne sait rien. La Présidence est un pays, avec son peuple, ses hommes, ses films, son hymne, son drapeau, ses divorces et ses histoires d'amour. Nous, c'est un autre pays. On imagine des choses. C'est le mur des supputations. On dit. Comment va finir Khalifa bis ? Il vient juste de commencer. Ou on commence à le voir partout. Sauf dans sa prison. |
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