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La Banque de l'habitat arrive

par Abdelkrim Zerzouri

Si l'on mise sur le lancement de la Banque de l'habitat pour redynamiser le secteur du bâtiment, il faudrait s'attendre à ne pas trouver beaucoup d'entrepreneurs dans le domaine le jour de son inauguration. La crise qui frappe de plein fouet ce secteur suite à la hausse des prix des matériaux de construction, qui est venue se greffer aux difficultés de redémarrage des chantiers après la crise sanitaire, qui a fortement impacté ses soubassements, la sortie de crise ne doit pas dépendre de la création de cette nouvelle institution financière. Et, si le contraire est vrai, pour éviter le risque d'un effondrement de cette filière névralgique pour l'économie nationale, il y a nécessité absolue de passer rapidement aux choses sérieuses sur le plan de la concrétisation de ce projet, dont le lancement effectif est prévu le 1er novembre 2022.

Voyant, peut être, que l'avancement de ce chantier se fait à pas longs, on parlait même de faire appel à un bureau d'études pour trouver des solutions aux problèmes techniques et financiers qui empêchent cette opération, le président de la République a fixé aux responsables en charge de ce projet, en l'occurrence le ministre des Finances, un délai ne dépassant pas un mois pour préparer le texte de loi relatif à la création de cette nouvelle institution financière. Une hâte qui explique une volonté des pouvoirs publics de se désengager du financement du logement ? Le rôle de la Banque de l'habitat étant le financement des projets immobiliers, une baisse de la pression sur les caisses de l'Etat s'en ferait certainement ressentir, et on pourrait espérer une relance du secteur du bâtiment sur de nouvelles bases, qui restent à déterminer par la loi, que le ministre des Finances doit finaliser dans moins d'un mois.

Cette nouvelle institution financière va-t-elle financer tous les projets immobiliers, y compris le logement social ? Le ministre de l'Habitat, de l'Urbanisme et de la Ville, Mohamed Tarek Belaribi ne laisse aucun doute là-dessus. Il avait récemment fait savoir que «la banque du logement se veut une institution financière qui facilitera au secteur de l'habitat, le financement des programmes de logement, toutes formules confondues, sociales et autres, et optimisera la cadence de la réalisation et du lancement des projets». Le social ne sera pas abandonné, et les derniers propos du président de la République confirment cette dimension. Dans ce sens, il a donné des consignes pour «préparer la phase transitoire entre la Caisse nationale d'épargne et de prévoyance (CNEP) et la Caisse nationale du logement (CNL) pour le lancement effectif de la Banque de l'habitat». Cette dernière Caisse, qui avait pour mission d'aider financièrement les acquéreurs de logements LSP et LPA avec un montant non remboursable, devrait donner son cachet « social » à cette future Banque de l'habitat. Contrairement à la CNEP Banque qui, en sus de vendre des logements à ses adhérents, accorde également des crédits aux promoteurs immobiliers et à tout autre investisseur. La Banque de l'habitat serait donc une fusion entre la CNEP et la CNL ? Avant cette intervention du président de la République, on croyait à une transformation de la seule Caisse nationale du logement (CNL) en une institution financière dédiée exclusivement au financement du logement.