Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Discrimination d'un nouveau genre ?

par Abdelkrim Zerzouri

Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca, Spoutnik V, Sinovac, Sinopharm, Johnson & Johnson, et la liste serait encore longue des vaccins anti Covid-19 administrés à travers le monde, mais tous n'ont pas la même signification d'un pays à un autre.

Au début de la vaccination, certains pays ont décidé de valider quelques marques de vaccins pour les administrer à leurs populations, dont quatre vaccins au niveau des pays européens (Pfizer, Moderna, Astrazeneca et Johnson & Johnson), rejetant toute autre marque de leur catalogue, sans influencer le cours des campagnes ailleurs dans le monde. C'était dans une période où les déplacements étaient pratiquement paralysés, mais les choses ont évolué avec la réouverture des frontières. Du coup, les voyageurs se sont retrouvés face une discrimination d'un nouveau genre. On scinde les gens en catégories au niveau des frontières, selon le vaccin qui leur a été administré. Ainsi, les Européens ne veulent pas autoriser l'entrée sur leur territoire des personnes qui ont reçu des doses de vaccins autres que ces quatre marques autorisées chez eux, rejetant même le vaccin Astrazeneca produit en Inde.

 Les voyageurs ayant reçu des doses de vaccins Sinovac ou Spoutnik V sont considérés comme non vaccinés, et leur sera appliqué le protocole sanitaire en vigueur à l'entrée dans les pays européens, en l'occurrence test PCR et isolement. Est-ce exagéré de leur part ? Ces pays ne font que respecter un code préétabli, car un vaccin qui n'a pas été homologué par l'Agence européenne du médicament, est logiquement non reconnu dans les pays qui suivent les instructions de cette Agence. Le problème se situerait plus loin, pourquoi l'Agence en question n'a pas homologué un vaccin qui l'a été par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), à l'enseigne du vaccin chinois Sinovac ? Le directeur général de l'Institut Pasteur d'Alger, Faouzi Derrar, s'est interrogé sur les motifs de l'inacceptation, par certains pays de l'espace Schengen, des étrangers ayant reçu des doses du vaccin chinois Sinovac, « pourtant approuvé par l'OMS », avait-il rappelé dimanche dernier. Effectivement, cela ne trouve explication nulle part sur les registres de la médecine, mais sur le plan politique on en trouverait certainement. Il était question de bloquer momentanément ce vaccin chinois, pour qu'il ne fasse pas de l'ombre aux quatre vaccins produits par des laboratoires américains et européens. Car, aujourd'hui, tant la campagne de vaccination a avancé et qu'il n'y a plus lieu de s'inquiéter d'une concurrence chinoise, certains pays européens ont reconsidéré leur position par rapport à ce vaccin et ont fini par l'accepter, avant même que l'Agence européenne du médicament ne donne son homologation (cinq vaccins sont en cours d'analyse par l'Agence, le vaccin russe Spoutnik V, le vaccin allemand CVnCOV de CureVac, le vaccin Sanofi-GSK, le vaccin Novavax et le vaccin CoronaVac de Sinovac ). Des spécialistes, qui insistent sur le respect de l'éthique scientifique, au-delà de la liberté de décision des ces pays (de l'espace Schengen), appellent à l'accélération de ces analyses et l'homologation, sans plus tarder, des vaccins approuvés par l'OMS, afin d'éviter une plus grande confusion dans un monde en déprime après tant de mois de fermeture des frontières.