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Une réforme à la hussarde ?

par Abdelkrim Zerzouri

Célérité dans le traitement des dossiers de crédit, grand intérêt accordé à l'accueil des clients, en organisant, notamment, des espaces dédiés pour le confort, conseil personnalisé et amélioration de la communication et l'information, les banques algériennes se préparent, désormais, à s'aligner rapidement sur les standards internationaux. Dans le souci de dynamiser l'économie à travers l'amélioration qualitative de la fonction financement de l'investissement, le traitement des dossiers de crédit par des structures et des personnels adhérant à une logique de performance et de productivité, ne devrait pas prendre plus d'un mois, à compter de l'introduction de la demande. Que de bonnes nouvelles qui arriveraient des banques ? Malheureusement, non. Car, les initiatives ne sont en rien gages d'un brusque réveil des banques. Il ne s'agit, pour le moment, que d'instructions du ministre des Finances à l'endroit des présidents directeurs généraux des banques publiques, appelés à dépoussiérer leurs comptes. Une réforme à la hussarde ? Peut-être que la manière employée ne sied pas à une réforme en bonne et due forme des banques, mais l'urgence recommanderait d'user de tous les moyens ascendants pour stimuler, dans l'immédiat, le financement des projets, qui passe par un engagement professionnel et consciencieux des banques. Pourrait-on dès lors s'attendre à ce que les banques se transforment rapidement en véritables établissements financiers, au service du développement économique ? En tout cas, pour arriver à ce stade de l'intervention du ministre de tutelle pour écourter les délais d'étude des dossiers de crédit et aller jusqu'à exiger un comportement correct digne des banquiers, vis-à-vis de la clientèle, il faut croire que la situation ne prête guère à l'optimisme. La règle essentielle, si on veut arriver à un système bancaire performant, c'est d'éviter la gestion des banques par des notes et circulaires émanant, d'une manière ordonnée ou non, des différentes institutions de l'Etat.

Parce que les instructions et les ordres sont à l'origine de la dégradation de l'environnement bancaire, ouvrant en cela la voie à tous les dépassements quand les responsables des institutions étatiques sont, eux-mêmes, animés de mauvaises intentions. L'Algérie a vécu cette situation scandaleuse avec l'ancien système politique où les banques, régies avec les ordres venus d'en haut, se sont transformées en pures cagnottes privées. L'Etat devrait, ainsi, entre autres dispositions assez longues à énumérer, faire la distinction entre le Trésor public et les banques, où ses actions devraient être clairement définies à travers la nomination des membres des conseils d'administration des banques, qui auraient à tracer des objectifs et faire obligation de résultat aux responsables par le biais de contrats de performances, en laissant les compétences managériales fixer les règles de gestion qui devraient signer leur succès ou leur échec.