Les déclarations d'officiels selon lesquelles l'Algérie
sera parmi les premiers pays qui acquerront un éventuel vaccin anti-Covid-19 se
succèdent. Mais tout d'abord, il est nécessaire de voir les choses en face et
dire que le vaccin en question est lui-même loin d'être un acquis indiscutable.
C'est vrai que la course au vaccin est lancée depuis des mois à travers le
monde, dont 26 candidats vaccins sont arrivés au stade des essais cliniques
(testés chez l'être humain) et 139 au stade de l'évaluation préclinique, selon
des données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), mais cela ne confirme
rien. Cela donne seulement de l'espoir qu'on va avoir un vaccin. Et entre
espoir et réalité, il y a des règles rigoureuses à respecter qui permettraient
d'aboutir au développement d'un vaccin sûr. Quand des experts de l'OMS
rappellent qu'entre trouver ou avoir la possibilité d'avoir un vaccin qui
fonctionne et avoir franchi toutes les étapes, il y a une grande différence,
tout en affirmant qu'ils n'ont «rien vu d'officiel pour l'heure», on ne peut
que rester circonspect dans ce contexte. Plusieurs facteurs plaident pour une
gestion en douce de ce dossier, du moins pour ne pas faire monter les enchères
à l'avance et parce que la recherche d'un vaccin, selon les spécialistes, est
un parcours exigeant et incertain. Plus tranchante encore dans ce sens la
position de l'OMS, qui a sans doute cherché à tempérer les attentes dans ce
cadre en déclarant, ces derniers jours, qu'il n'y aurait peut-être jamais de
solution miracle contre la pandémie du Covid-19. «Il n'y a pas de panacée et il
n'y en aura peut-être jamais», a affirmé le directeur général de l'OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, au cours d'une conférence de presse. Alors que
les autorités avancent à grandes enjambées sur le plan de l'acquisition d'un
vaccin ! Arrivant déjà à aborder la question de la population qui sera ciblée
en premier et soulignant que le vaccin anti-Covid-19 ne sera pas obligatoire.
C'est le président de la République qui a donné instruction pour prendre les
devants et agir dans ce sens afin de se procurer le vaccin dès son application
dans le pays d'acquisition, ce qui fait partie des prévisions dans le cadre de
la gestion de la pandémie. C'est bien d'avoir dans son carnet les laboratoires
qui sont sur le point d'achever les essais cliniques, c'est même indispensable,
mais est-ce pour autant utile d'en parler publiquement ? Quel résultat
chercherait-on à obtenir à travers une telle promptitude dans la divulgation de
ces initiatives ? Il faudrait plutôt insister auprès des populations sur la
prévention, comme la distance physique, le port du masque et l'hygiène.