Deux frondeurs du RND et du FLN, respectivement Tayeb Zitouni et Abou El Fadel Badji, sévèrement brimés et mis au ban par leurs partis à
l'ère du règne de l'ex-président Bouteflika, reviennent au premier plan de la
scène politique nationale à l'issue de deux congrès organisés en l'espace de
48h, le premier le jeudi 28 mai et le second le samedi 30 mai. Les deux
nouveaux leaders du RND et du FLN, deux partis qui formaient naguère l'ossature
de la coalition présidentielle, plébiscités par les congressistes à la tête de
leurs partis, sauront-ils donner un nouveau souffle à
leurs formations politiques, dont l'indice de popularité est au ras des pâquerettes? Il faut convenir que les deux nouveaux
responsables ont sur les épaules un lourd héritage. Vu l'opinion défavorable
qui les voit comme des appareils qui ont soutenu le long et déplorable règne de
l'ex-président Bouteflika, honnis en cela par une grande majorité des
Algériens, notamment les hirakistes, qui en ont fait
leur slogan favori pour dénoncer l'ancien système, la pente serait très
difficile à remonter. Il y a du boulot à faire, à réformer en profondeur les
pratiques qui ont jusque-là caractérisé ces deux partis, cela est évident, mais
de là à penser leur faire rejouer dans l'immédiat le même rôle politique qui
leur était dévolu, cela parait impensable. Car, cela donne déjà du grain à
moudre à une partie de l'opinion, qui crie au scandale et à la perpétuation de
l'ancien système avec l'annonce d'un retour de ces deux partis dans le giron du
pouvoir. La probabilité d'une telle éventualité est renforcée par le discours
du nouveau SG du RND quand il s'engage, à l'issue du plébiscite par les
congressistes, à œuvrer à «rassembler les militants et à s'éloigner de tous les
facteurs de division au sein de l'Algérie nouvelle». Plus pragmatique, le
nouveau SG du FLN effacera légèrement les suspicions en plaidant pour une
refondation du parti et une mobilisation de l'ensemble de la classe politique pour
la défense de l'Etat et de ses institutions, qui appartiennent en fait au
peuple algérien.
Tous les citoyens se doivent d'œuvrer dans ce sens, à
l'émancipation d'une ?Algérie nouvelle', certes, mais quand il s'agit d'un
parti politique, il est indispensable d'en faire preuve sur le terrain de la
pratique. Un travail de longue haleine attend les concernés pour recoller les
morceaux. Ne serait-il pas plus méthodique, donc, de panser avant tout les
profondes blessures du parti avant de le proposer au service de l'intérêt
suprême de la nation? On ne devrait pas se faire des
préjugés et douter des bonnes intentions des deux nouveaux responsables de ces
partis qui forment, de fait, la majorité dans les assemblées élues locale et
nationale, en leur concédant l'atout qu'ils se soient tous deux élevés contre
les pratiques abusives de leurs prédécesseurs du temps où pareille position
était suicidaire sur le plan de l'ambition politique, mais il serait salutaire
dans les conditions actuelles de prioriser leurs actions. Commencer d'abord par
regagner la confiance perdue au sein même de leurs bases militantes, en
déconfiture depuis la chute de l'ancien système, afin de s'assurer une place
dans la reconfiguration du système à l'orée d'importantes échéances électorales,
où les critères du clientélisme et des quotas ne seront d'aucun secours.