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Classe politique et acteurs sociaux au pied du mur

par Kharroubi Habib

Le coup d'accélérateur donné à l'instigation du général de corps d'armée au processus devant mener à l'organisation de l'élection présidentielle dans les délais qu'il a fixés, place les acteurs politiques et sociaux qui estiment que les conditions ne sont pas réunies pour ce rendez-vous électoral dans l'obligation de se déterminer sans faux-fuyant sur la décision du chef de l'institution militaire d'engager le pays sur cette voie, malgré son rejet par les uns et les réticences des autres à s'y engager en raison que leurs préconisations n'ont pas été prises en compte.

Cela vaut en premier lieu et impérativement pour ceux d'entre eux qui louvoient entre soutien «indéfectible» au mouvement populaire qui ne veut pas entendre parler d'une élection présidentielle tant que toutes ses revendications la concernant n'auront pas été satisfaites et crainte d'encourir les foudres de l'institution militaire qui a déclaré celles-ci irréalisables parce que irresponsables. Ces partis et acteurs issus de la société civile croient productive pour eux la position de l'équidistance entre ce que réclame le mouvement populaire et la feuille de route à laquelle s'en tient le Haut commandement de l'armée. En persistant dans cet entre-deux, ils ne gagneront ni le respect ni la considération de l'un et de l'autre.

Le pôle politique et sociétal qui prône le rejet tranché de la feuille de route a quant à lui opté pour calquer la sienne sur celle du mouvement populaire mais en préconisant une alternative au processus électoral voulu par l'armée dont il ne peut faire la démonstration qu'elle répond à ce que veut ce mouvement. Ils encourent ce faisant le risque de se voir marginalisés et laissés à leur pratique de l'incantation impuissante, si comme cela se dessine il se dégagerait une tendance prédominante au sein du mouvement populaire en faveur de l'organisation de l'élection présidentielle en contrepartie de l'acceptation par le pouvoir de certains des préalables populaires en raison qu'ils ont valeur de jauge pour sa volonté de garantir la transparence et la régularité du scrutin projeté.

L'intifadha populaire qui a démarré le 22 février a mis à nu l'inconsistance de la classe politique et autres prétendues représentations de la société algérienne. Elle leur a offert en effet l'opportunité extraordinaire de s'affirmer en tant que repères agissant sur les évènements politiques survenus. Au lieu de commencer d'abord à se doter d'une plateforme commune minimum par laquelle ils auraient pu installer un rapport de force avec le pouvoir l'obligeant à renoncer à faire passer en force sa feuille de route, ils lui ont offert la latitude de jouer sur leurs divergences et querelles doctrinales dont tout prouve qu'en cette étape de son intifadha le mouvement populaire n'en a cure.