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Les baltaguias à l'assaut du mouvement populaire

par Kharroubi Habib

La contre-révolution est en marche orchestrée par un pouvoir déterminé à faire avorter la révolution populaire sous l'impérieuse déferlante de laquelle il a dû sacrifier les plus indéfendables de ses piliers et symboles. Elle se manifeste en toute clarté à travers les tentatives du FLN et du RDN de se remettre en selle sur l'échiquier politique et qui avec l'outrecuidance qu'ils puisent des encouragements occultes qu'ils ont reçus des décideurs du pouvoir font la « morale » aux acteurs de la révolution populaire qui persistent à revendiquer la fin du système dont ils ont été les impénitents et constants défenseurs et le départ de tout le personnel dirigeant qui a sévi en son sein.

Sous couvert de se donner une nouvelle « virginité » et créer l'illusion d'être en symbiose avec la révolution citoyenne, les deux partis de l'ex-alliance présidentielle ont procédé à un semblant de rupture avec l'ère de l'allégeance systématique. Cette fiction qu'ils ont essayé de créditer s'est aussitôt évaporée. Le FLN et le RDN n'ont pas mis longtemps en effet à dévoiler qu'ils sont et restent les instruments de ce qui subsiste de résidus dans les institutions et autres lieux de pouvoir qui sont déterminés à faire avorter la révolution citoyenne et pacifique.

Le rôle assigné aux deux partis dans la révolution en marche est de battre le rappel de tous les baltaguias qu'ils stipendient et savent manipuler. A ces baltaguias, ils ont fixé pour mission d'infiltrer le mouvement populaire et de faire naître en son sein les germes de la dissension en lui suscitant des controverses internes qui le feront apparaître divisé sur les revendications qu'il doit continuer de soumettre. Leur infiltration est visible de vendredi en vendredi et n'est pas sans effet. L'on assiste ces derniers temps indubitablement dans certaines marches à des manœuvres de manipulation des manifestants qui fleurent la technique opératoire dans laquelle le FLN et le RND sont passés maîtres. Elles sont d'autant impactantes qu'elles sont insidieusement relayées et amplifiées par les médias lourds publics et privés qui sont eux aussi enrôlés dans la contre-révolution en marche.

Si les marches populaires qui sont encore grandement mobilisatrices n'ont plus l'extraordinaire ampleur qu'elles ont connue les trois premiers mois de l'insurrection citoyenne, il n'y a pas que la lassitude ou les effets d'une météo démotivante qui en sont la cause. Le mouvement populaire doit se défier de l'action démobilisante et du travail de sape des baltaguias que le pouvoir et les deux partis de l'ex-alliance présidentielle injectent dans ses rangs et qui sont efficaces car ayant l'art de cacher ce qu'ils sont en sachant faire oublier qu'ils ont appartenu au système et au régime dont le départ est demandé chaque vendredi.