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La classe politique tétanisée

par Abdelkrim Zerzouri

A moins d'une année des élections présidentielles, la scène politique nationale reste tétanisée. Ainsi que la scène médiatique, qui ne revient sur ce sujet d'actualité brûlante qu'en de rares occasions, et avec des détails pas accrocheurs le moins du monde, par manque de réactions intéressantes de ceux-là même qui font, ou qui devraient faire, cette actualité. Excepté quelques timides et insignifiants mouvements de chefs de partis, qui brisent le silence tout juste pour dire que la question de la présentation d'une candidature à ces élections n'est pas encore tranchée, comme si les joutes électorales en question sont attendues dans deux ou trois ans. Alors que la convocation du corps électoral n'est pas très loin. Rien ne laisse percevoir que l'Algérie se prépare à une élection présidentielle, tellement les candidats potentiels manquent sur le terrain, pour ne pas dire qu'ils désertent le terrain. Pourtant, on s'attendrait à ce que le débat soit enclenché maintenant entre les candidats et la population. Ce n'est pas des élections communales ou mêmes législatives, qu'on pouvait laisser jusqu'à la dernière minute pour lancer la campagne électorale. La présidentielle, de toute évidence, a un caractère plus lourd, plus important. Il s'agit de la magistrature suprême, mais les politiciens se comportent avec comme s'il s'agit d'un non-évènement. Les leaders de partis qui ont déjà présenté par le passé leurs candidatures aux élections présidentielles, depuis 1999, observent à la veille de 2019, un silence lourd de sens et de conséquence. Ne sont-ils pas intéressés par ces élections ? Bien sûr que si, peut-on parier les yeux fermés, certains ne dorment pas la nuit en pensant à cet enjeu politique de taille, qui ferait rencontrer son destin à son homme, comme le résumait M. Ahmed Ouyahia lorsqu'il a été interrogé au sujet de sa candidature aux élections présidentielles de 2019. Notons que c'est l'un des rares hommes politiques qui a clairement exprimé sa pensée à ce sujet. M. Ouyahia soutient depuis des années qu'il ne se présentera jamais contre le président Abdelaziz Bouteflika. Entendre que si Bouteflika se présente pour un 5e mandat, Ouyahia fera campagne pour lui, aux commandes du parti RND, au même titre que les quatre derniers rendez-vous électoraux de cette taille. M. Ouyahia est, donc, candidat aux présidentielles de 2019 si le président Bouteflika se retire de la course. Il se peut que cette position affichée d'une manière prompte, et sans détour, lui vaut beaucoup de tracasseries maintenant que le rendez-vous est proche et que le brouillard commence à se dissiper à l'horizon, mais l'offensive peut rapporter gros le jour ?J' puisque les autres viendront joindre leurs voix à la sienne un peu tardivement, sur le rythme du suspense qu'on voudrait laisser planer jusqu'aux derniers jours mais qui ne garantit pas un gain de voix en plus. Hormis M. Ouyahia, qui s'est exprimé avec franchise sur le sujet, les autres candidats potentiels, dont on devinerait facilement les identités, à une exception ou deux, qu'on laisserait aux annonces surprises, guettent tous les mouvements du président Bouteflika et de son entourage. Leur seul souci c'est le 5e mandat, et ils attendent de lire les signaux de cette option, avant de se prononcer. Parce que, si le président Abdelaziz Bouteflika nourrit l'ambition de succéder à lui-même, aucun candidat sérieux ne peut se mesurer avec lui, on l'a déjà vécu à quatre reprises. Le hic c'est qu'il ne le dit pas ouvertement, laissant les autres accrochés à sa décision, qui ne tombe pas, pas encore. Même si par-ci et par-là on veut faire croire le contraire, en donnant l'impression que le président Abdelaziz Bouteflika ira vers un 5e mandat. Un 5e mandat qui semble maintenir en haleine, avant l'entame de la course, tout ce beau monde. En attendant, on continuera à scruter les intentions des uns et des autres. Enfin, il est sûr que ce n'est pas au mois de Ramadhan qu'on va transgresser la règle des activités au ralenti et de l'hibernation politique.