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Une défaite indigérable pour les Occidentaux

par Kharroubi Habib

Leurs protégés syriens en voie d'être totalement éradiqués de la Ghouta orientale ce qui sonnerait le glas pour la rébellion armée anti-régime qu'ils ont suscitée et entretenue, les Etats-Unis et la France ont durci le ton au Conseil de sécurité de l'ONU à l'encontre de Damas et de son allié russe desquels ils exigent l'arrêt immédiat de l'offensive militaire dans l'enclave et des bombardements qui la pilonnent. L'ambassadrice américaine à l'ONU a même brandi la menace d'une intervention militaire unilatérale occidentale en Syrie au cas où les deux parties ne se plieraient pas à cette exigence.

La situation dans la Ghouta orientale n'est que le prétexte que se donnent en réalité les Occidentaux pour justifier une intervention militaire directe en Syrie devenue pour eux la seule solution qui leur permettrait de tenter d'inverser le cours des évènements dans un conflit que leurs protégés et par voie de conséquence eux-mêmes sont en train de perdre irrécusablement. Ils sont d'autant enclins à tenter cette aventure militaire périlleuse qu'Israël fait pression sur eux pour une intervention dont il profiterait pour s'attaquer à la Syrie, au Liban et voire même ailleurs à l'Iran dont sa rhétorique en fait un Etat qui s'est acquis en ces lieux des positions d'où il fait peser la menace sur sa sécurité nationale.

Selon des sources bien renseignées, Washington où Donald Trump est aux commandes a aisément repris à son compte le projet belliqueux israélien bien avant que l'offensive de l'armée syrienne ne soit lancée et qu'elle prenne la tournure qu'elle a pour les groupes armés supplétifs de l'Occident retranchés dans la Ghouta orientale. Ces mêmes sources ont en effet révélé qu'Américains et Israéliens ont planché avant même la bataille de la Ghouta sur un projet d'intervention militaire conjointe en Syrie mais aussi au Liban, en Irak et voire même en Iran pour selon ses stratèges casser l'arc irano-chiite qui s'est constitué dans la région à la faveur du conflit syrien.

Elles ont également affirme que Donald Trump aurait donné son feu vert à cette intervention conjointe lors de l'entrevue qu'il a accordée à Benyamin Netanyahu qui s'était rendu il y a une quinzaine de jours à Washington pour officiellement prendre la parole devant la conférence annuelle de l'AIPAC, le plus puissant lobby juif américain et remercier le président US de sa décision de transférer l'ambassade de son pays en Israël à Al Qods. Depuis leur rencontre, Washington et Tel-Aviv ne font plus mystère de leur belliqueuse intention et s'essayent en faisant monter la tension dans leurs relations avec Moscou de dissuader Poutine d'entreprendre quoi que ce soit qui entraverait la réalisation de leur projet.

Il est patent que le conflit syrien est à un tournant dont les Occidentaux ont conscience qu'il est révélateur de leur défaite. Ce que le logiciel qu'ils se sont forgé après l'effondrement de l'URSS en matière de la gouvernance des affaires du monde ne leur permet d'accepter. Aussi si l'on pouvait entrevoir que la reprise de la Ghouta allait sonner le glas de la « rébellion » armée anti-régime, il y a lieu d'appréhender maintenant que l'intervention militaire occidentale directe s'y substitue et que le conflit syrien se transforme en une confrontation internationale apocalyptique y compris pour ceux qui auront la légèreté de la provoquer.