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La nouvelle équation libyenne met à l'épreuve la diplomatie algérienne

par Kharroubi Habib

La prise de contrôle de Benghazi par les forces armées dirigées par le maréchal Khalifa Haftar et les affrontements qui opposent dans la capitale du pays, Tripoli, celles fidèles au gouvernement internationalement reconnu présidé par Fayez El Sarraj aux milices qui appuient son prédécesseur qui n'en reconnaît pas l'autorité témoignent de la volonté des camps protagonistes de la crise libyenne de gagner du terrain pour être pris en compte dans la nouvelle équation libyenne qui émerge. Celle-ci est qu'il y a désormais nécessité d'une révision de l'accord de 2015 pour une sortie de crise pour la raison que sa négociation n'ayant pas été menée en tenant compte du véritable rapport de force militaire et politique sur la scène libyenne, il en a résulté son rejet et sa contestation qui n'ont pas permis au gouvernement Serraj reconnu par la communauté internationale d'asseoir son autorité sur le pays et de mettre fin à la violence et au chaos auxquels il est en proie.

Toute initiative de relance d'un dialogue interlibyen pour corriger les insuffisances de l'accord de 2015 doit impérativement être basée sur le postulat qu'il doit intégrer toutes les factions politiques ou armées qui se disputent le pouvoir à l'exclusion évidemment de celles déclarées être de nature terroriste par la communauté internationale. Ce qui entrave les efforts internationaux et en particulier ceux soutenus entrepris par l'Algérie pour tenter de relancer en ce format le dialogue interlibyen est que certaines de ces factions encouragées et appuyées par des acteurs étrangers rechignent à s'inscrire dans cette démarche en escomptant être en capacité de résoudre militairement à leur profit la crise libyenne.

L'Algérie n'est pas sans méconnaître les intentions des unes et des autres mais aussi celles des acteurs étrangers dont la concrétisation ferait aboutir ce qu'ils recherchent à travers leur implication dans le conflit libyen. C'est la raison pour laquelle depuis que les affrontements inter-camps et factions ont repris avec une violence accrue, elle a non seulement gardé ce contact avec tous leurs protagonistes mais s'active également diplomatiquement à forger un consensus international réitérant avec force que seul le dialogue interlibyen est à même de produire une solution acceptable pour tous en Libye de la crise dans ce pays.

Il est clair qu'elle contrecarre en cela les visées des factions qui misent sur l'option militaire pour en finir avec leurs rivales, de même que celles de leurs parrains extérieurs. Ces derniers qui en apparence approuvent la démarche et la préconisation algériennes agissent en sous-main contre elles en instillant à leurs protégés libyens le doute et la méfiance sur ce que l'Algérie poursuivrait en s'y tenant.

Loin de baisser les bras, la diplomatie algérienne maintient avec persévérance le cap en direction d'une reprise du dialogue interlibyen comme le prouve l'agenda à cet effet qui est celui de son ministre Abdelkader Messahel alliant simultanément rencontres avec les protagonistes directs de la crise libyenne et avec les acteurs extérieurs dont les influences sur les premiers sont avérées. Il reste qu'en tout état de cause et pour des raisons que ni les uns ni les autres ne peuvent nier, l'Algérie ne se désengagera nullement de la résolution du conflit libyen tant la forme que celle-ci prendra aura des conséquences pour sa sécurité nationale.