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Tête-à-tête Poutine-Trump: un entretien chaleureux mais rugueux

par Kharroubi Habib

Du très attendu tête-à-tête qu'ont eu les présidents russe et américain à Hambourg en marge du G20, il était attendu qu'il permette la remise sur rail des relations russo-américaines particulièrement tendues depuis six mois. A l'issue de la rencontre, Vladimir Poutine a déclaré que lui et son homologue américain ont discuté de l'Ukraine, de la Syrie, de lutte antiterroriste et de cyberattaque, mais sans donner plus de détails.

Il ressort cependant que l'entretien des deux chefs d'Etat bien qu'ayant été «vigoureux» aurait été tout de même chaleureux. L'on ne sait pas encore quels ont été les points de convergence ou d'achoppement qui ont résulté du tête-à-tête Poutine-Trump. Il y a toutefois certitude que les deux hommes sont parvenus à un terrain d'entente sur le dossier syrien. Selon Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, la Russie et l'Amérique auraient en effet convenu d'un cessez-le-feu sous leur parrainage s'appliquant à la zone sud-ouest de la Syrie devant entrer en vigueur ce dimanche à la mi-journée. Dans cette zone autour de la ville de Deraa, des forces du régime appuyées par leurs alliés affrontent des combattants de la rébellion « modérée » aidés et conseillés par les Américains.

En convenant de mettre en place un cessez-le-feu dans une zone de la Syrie où existe le risque réel que survienne un incident qui déboucherait sur la confrontation armée entre Russes et Américains, les deux présidents ont émis le signal qu'ils ont la volonté de s'entendre et de coopérer. Ce n'est certes pas la première fois que Russes et Américains annoncent être parvenus à la conclusion d'un accord de cessez-le-feu en Syrie. Mais ils ont été à chaque fois aussitôt violés parce que Washington ne parvenait pas ou ne voulait pas en imposer le respect à ses protégés syriens.

Si ces derniers respectent celui dont l'annonce a été faite à l'issue de la rencontre à Hambourg entre Poutine et Trump, cela signifiera clairement que Moscou et Washington sont effectivement mus par une logique de désescalade dans leurs relations bilatérales et la recherche de compromis négociés sur les dossiers qui font contentieux entre eux.

Il reste qu'il faut se garder de l'optimisme quant à l'évolution des rapports russo-américains tant Donald Trump fait montre de versatilité dans ce qu'il dit ou entreprend au plan de la politique internationale. Vis-à-vis de la Russie, il pourrait en être ainsi en effet quand on sait qu'il est guidé non pas par les divergences qu'il a réellement avec le président Poutine sur les dossiers faisant litige entre leurs deux pays mais par des considérations de politique intérieure américaine. Même si Donald Trump est réellement animé de l'intention d'améliorer le climat des relations américano-russes, il n'ignore pas que ses adversaires en Amérique ont fait de cette question l'angle de leurs attaques contre lui au prétexte qu'il serait sous influence ou secrètement tenu par le Kremlin. Ce qu'il a convenu avec Poutine à Hambourg reste à être apprécié à l'aune de ce que Donald Trump annoncera quand il sera de retour à Washington.