Envoyer à un ami | Version à imprimer | Version en PDF

Le rapport qui accable

par Kharroubi Habib

L'on comprend que les Etats-Unis et Israël ont voulu la « tête » de la Jordanienne Rima Khalaf, la désormais ex-secrétaire générale adjointe de l'ONU. La Commission économique et sociale pour l'Asie occidentale (CESAO) dont elle était la secrétaire exécutive a en effet établi un rapport qui accable Israël et qu'il fallait que celui-ci et son allié inconditionnel américain étouffent implacablement. Ce qu'ils ont réussi en exerçant d'incessantes et probablement menaçantes pressions sur le secrétaire général de l'ONU qui l'ont forcé à demander à son adjointe le retrait du rapport. Plutôt que de se plier à la lâche exigence, Rima Khalaf a démissionné de l'ONU. Une démission à laquelle ont applaudi avec indécence l'ambassadrice américaine à l'ONU et son homologue israélien mais que regrettent et déplorent la majorité des représentations auprès de l'organisation, car significative pour elles de la soumission de celle-ci au diktat des deux Etats qui ont contraint son secrétaire général à désavouer le rapport et son adjointe qui l'a présenté. Le contenu du rapport qui a provoqué l'ire d'Israël et des Etats-Unis est effectivement explosif du fait qui y sont exposées des accusations accablantes contre l'Etat sioniste et dont la portée est plus destructrice pour lui en étant endossées par une commission onusienne.

En exigeant et obtenant le retrait du rapport, Israël et les Etats-Unis prétendent avoir agi pour mettre fin à la prétendue pratique « selon laquelle les fonctionnaires onusiens utilisent leur position pour faire avancer leur agenda anti-israélien ». Par sa peu courageuse attitude en cette affaire, le tout nouveau secrétaire général de l'ONU, le Portugais Antonio Guterres, a passablement écorné le bon préjugé dont il a bénéficié lui ayant permis de rassembler une majorité de voix sur sa candidature au poste qu'il occupe désormais. Le rapport a été certes retiré, Rima Khalaf n'est plus secrétaire générale adjointe de l'ONU à la grande satisfaction des représentants d'Israël et de l'Amérique qui en avaient fait leur « bête noire ». Mas ce que ce rapport a établi à l'encontre d'Israël demeurera comme étant l'exacte et véritable vérité. Oui, l'Etat sioniste a mis en place « un régime d'apartheid qui institutionnalise de façon systématique l'oppression raciale et la domination du peuple palestinien dans sa totalité ». Ce régime d'apartheid est bel et bien en place dénoncé par tous ceux qui s'intéressant de façon objective à ce qui se passe au Proche-Orient en ont constaté la réalité.

L'Etat « juif » dont Netanyahu et sa coalition facho-religieuse veulent imposer sa reconnaissance par les Palestiniens exclut qu'il soit accordé les mêmes droits, tous les droits à ces derniers que ceux des citoyens juifs. Dans ce cadre, la ghettoïsation des Palestiniens en sera inéluctable et elle est déjà à l'œuvre par la multitude de restrictions et de dénis qu'ils subissent. Elle est même officiellement assumée comme objectif à réaliser par les plus influents acteurs politiques de l'Etat sioniste.

Si l'ambassadrice américaine et son homologue israélien pensent avoir à travers Rima Khalaf réduit au silence les amis de la Palestine, ils se trompent car ils n'ont fait en réalité que renforcer leur détermination à poursuivre leur lutte jusqu'au recouvrement par les Palestiniens de leurs droits en tant que peuple, au premier desquels celui d'avoir leur propre Etat et non des ghettos ou des bantoustans.