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Le FLN dans la tourmente

par Mahdi Boukhalfa

Djamel Ould Abbès a beau minimiser l'ampleur de la fronde et des dissidences qui secouent le FLN sur fond de contestation des listes électorales du parti confectionnées sous son autorité, il ne peut dissiper l'impression que celui-ci n'aborde pas l'échéance électorale des législatives rangs unis. C'est pourtant pour en finir avec la contestation qu'avaient fait naître ses deux prédécesseurs à la tête du parti et pour mettre celui en ordre de bataille pour la confrontation électorale que Djamel Ould Abbès a été promu à leur place par le camp présidentiel.

Pas plus que Belkhadem puis Saadani après lui, Ould Abbès ne parvient à imposer l'unité des rangs de l'ex-parti unique au sein duquel les conflits d'intérêts et de personnes prennent le pas sur tout. En suscitant dans le sillage de son intronisation l'illusion de la main tendue à toutes les chapelles frondeuses, Djamel Ould Abbès était parvenu momentanément à rallier ou à faite taire les plus bruyantes dans la contestation. Sauf que pour obtenir le ralliement des unes et le silence des autres, il a dû leur faire des promesses électorales ou autres qui elles-mêmes suscitent de nouvelles rébellions et dissidences animées par ceux qui s'en estiment lésés.

Si Djamel Ould Abbès est à son tour la cible d'une contestation, c'est pour la raison simple qu'il reconduit la même méthode de gestion des affaires de l'ex-parti unique que celle ayant valu leurs déboires à ses prédécesseurs. Ce qu'il avait pourtant promis de bannir. La façon dont les listes électorales du FLN ont été confectionnées démontre qu'il n'avait ni l'intention ni la volonté de déroger aux habitudes passées du parti en la matière. Ould Abbès s'était engagé à faire en sorte que l'opération de confection de ces listes se fasse en toute transparence et dans le strict respect de la volonté de la base militante du parti s'exprimant sur la base de critères permettant l'émergence de candidats qui apporteraient un plus aux listes en question. Le mécontentement et les révoltes qui secouent l'ex-parti unique dénotent que l'opération ne s'est pas déroulée comme promis. Djamel Ould Abbès ou des cercles d'influence en ont été en réalité les véritables acteurs agissants des choix opérés. Le fait du prince et la puissance de l'argent ont perverti l'opération. Les scandales qui éclaboussent de ce fait Djamel Ould Abbès en tant que secrétaire général du FLN, les dissidences qui minent les rangs du parti n'augurent pas qu'ils vont remporter une victoire électorale que le premier a prédit certaine. Du moins c'en est une certitude si le scrutin devait se dérouler sans fraude et manipulations. A ce parti, les véritables tireurs de ficelles avaient semblé avoir signifié la fin de la récréation qu'ont été en son sein les « redressements » et autres formes de contestation des directions en place. Ils ont opté pour la pire des méthodes, en l'occurrence celle d'ajouter au FLN discrédit sur discrédit qui ont définitivement enrayé la machine électorale efficiente que fut son appareil. Combien sont en effet encore les Algériens qui croient que le FLN qu'ont dirigé Belkhadem, Saadani et aujourd'hui Ould Abbès est en capacité d'être le parti majoritaire du pays et sont prêts à lui accorder ce statut ?