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Une rébellion «modérée» refusant de se dissocier des terroristes

par Kharroubi Habib

Quatre jours après l'entrée en vigueur du cessez-le-feu en Syrie accepté par le gouvernement de Damas et les six principales composantes de la rébellion armée anti-régime, les violences causant pertes humaines dans la population civile n'ont pas cessé quoiqu'elles ont indéniablement baissé d'intensité et restent sporadiques.

La précarité du cessez-le-feu laborieusement négocié est de ce fait mise en évidence d'autant que prenant prétexte des affrontements qui les opposent ici et là où leurs combattants se font face les deux camps belligérants menacent de le rompre. Les violations sporadiques qui sont enregistrées ne doivent pas néanmoins faire conclure à un effondrement inéluctable de la trêve. Ce à quoi l'on assiste sont des tentatives auxquelles s'adonnent les deux camps pour essayer d'amoindrir la position de l'autre. Les garants du cessez-le-feu que sont la Russie et l'Iran en tant qu'alliés du régime syrien et la Turquie celui des principales forces armées de la rébellion ayant contracté l'accord de trêve, se doivent d'user de l'influence qu'ils ont sur les parties qu'ils défendent pour qu'ils honorent pleinement les engagements qu'ils ont souscrits sous leur égide. Faute de quoi il s'en créera une situation que les organisations terroristes exclues de l'accord de trêve et des négociations de paix qui en découleront s'il est respecté, ne manqueront pas d'exploiter pour faire avorter le processus enclenché par Moscou et Ankara avec la caution de Téhéran.

Pour que le cessez-le-feu entre le gouvernement de Damas et les opposants qui l'ont accepté tienne, il y a impérativement que ces derniers se distancent de ces organisations terroristes avec lesquelles ils ont jusque-là fait alliance contre les forces gouvernementales. Le cessez-le-feu ne s'appliquant pas à ces organisations terroristes, celles-ci monteront des opérations militaires contre les forces du régime dans des zones où leur imbrication avec la rébellion dite modérée est la plus poussée et de ce fait rendant impossible que celle-ci soit épargnée par la réaction en retour de l'armée gouvernementale.

Dans un premier temps, c'est le refus de l'opposition armée affublée par ses soutiens étrangers du qualificatif de « modérée » de se distancier de celle affiliée au terrorisme djihado-islamiste qui a fait avorter les précédents accords de cessez-le-feu. C'est désormais son incapacité à mettre un terme à leur imbrication dans ses rangs qui risque de faire voler en éclats celui en vigueur présentement. Son incapacité résulte du fait que sa faiblesse sur le plan militaire l'a inféodée à ces organisations terroristes qui malgré qu'elles sont reconnues comme telles ont bénéficié plus qu'elle d'un arsenal militaire abondamment fourni par ses propres alliés étrangers, et leur a permis de la réduire au rang de supplétif dénué de la capacité d'affirmer à leur égard son autonomie tant politique que militaire.

L'on comprend que chez certains des dirigeants de cette rébellion « modérée » la dissociation qu'on leur demande d'entreprendre est difficile à accepter tant elle mettrait à nu l'insignifiance en terme politico-militaire de l'opposition qu'ils représentent vraiment. Ce qui ne la mettra pas de toute évidence dans un rapport de force favorable dans les négociations de paix annoncées comme devant s'ouvrir à Astana au Kazakhstan à la fin du mois de janvier.

C'est sur cette faiblesse de la rébellion « modérée » que les parties étrangères opposées au processus initié par la Russie, la Turquie et l'Iran joueront auprès d'elle pour l'en détourner et la pousser à renier ses engagements.