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Une crise en cache une autre

par Mahdi Boukhalfa

Après le RND, c'est au tour du FFS de plonger dans une crise politique interne inutile et coûteuse en termes de représentativité lors des prochaines élections législatives et locales. Le parti fondé par Hocine Aït Ahmed, au même titre que celui que dirige Ahmed Ouyahia, semble plonger inexorablement dans une profonde déprime, alors que sa stabilité interne était sa force de frappe en tant que parti d'opposition.

Et, pour les mêmes raisons dénoncées par les militants du RND contre la «main de fer» exercée sur le parti par Ouyahia, la crise qui a éclaté au grand jour au FFS serait le résultat d'une «dérive autocratique» que désapprouvent des cadres du parti. L'exclusion sine die du FFS de Rachid Halet, membre historique du parti, et l'absence de communication sur les raisons de cette radiation, ont provoqué une onde de choc au sein des militants comme des cadres du FFS. La démission d'Ahmed Betatache, député et ex-Premier secrétaire du FFS, à la suite de cette affaire, a encore épaissi le malaise qui couve au sein du parti où, visiblement, l'émergence de clans se réclamant d'une certaine légitimité historique et proches d'entre les proches de l'icône du parti, Hocine Aït Ahmed, nourrit de vives inquiétudes au sein des militants de base. Mais pas seulement, car la manière dont est gérée le parti serait un motif supplémentaire de cette crise, d'autant que l'annonce de la participation du FFS aux prochaines échéances électorales semble avoir nourri des appétits et accéléré l'éclatement de cette crise.

Dorénavant, on n'hésite pas, au sein des structures de base du FFS, de penser que la participation aux prochaines législatives serait le résultat d'un deal, une sorte de «gentelmen agreement» entre le pouvoir et les instances dirigeantes du FFS pour une meilleure représentativité et une plus grande visibilité politique du parti sur la scène politique nationale. Mais, ceux que certains cadres, à l'instar de Rachid Halet, accusent de «putschistes», font face à une opposition qui enfle depuis sa radiation. La crise est réelle et devient plus profonde et plus complexe de jour en jour au sein du principal parti politique algérien d'opposition. Un parti bien enraciné autant dans les grands centres urbains, d'Alger à Annaba, que dans les petites agglomérations reculées de l'arrière-pays au centre et l'est.

L'exclusion d'un de ses membres dirigeants a provoqué une réaction en chaîne, dont l'appel d'un groupe de militants des wilayas de Bejaia, Tizi Ouzou et Bouira pour la création d'un comité de sauvegarde du FFS. Pour ces militants, le putsch dénoncé par Halet contre les statuts et le règlement du parti «est une trahison des principes et combat du FFS et une confiscation du parti». Mais, cette crise interne au FFS, même avec le départ annoncé avec grand fracas de certains cadres et la colère des militants qui estiment que leur parti «a été confisqué» sera résolue, même dans la douleur pour les militants qui croient à une alternative politique au pouvoir actuel.

Toute la question sera de savoir quelle sera l'amplitude, la durée et les acteurs de cette crise. Le FFS étant assez bien ancré et enraciné au sein des milieux politiques pour qu'il fasse les frais d'une inutile guerre de clans.