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Campagne sale, méchante et sans merci

par Abdelkrim Zerzouri

Le début du grand boucan politique à la veille des élections locales et législatives, un pavé avant la présidentielle, annonce une longue pré-campagne électorale sale, méchante et sans merci. Des leaders de formations politiques passent à l'offensive, médiatique surtout, provocatrice à l'extrême, puis creusent des tranchées et s'y tassent en attendant que s'accomplisse la décantation des rangs. Les deux premiers à sortir de l'ombre ont été les chefs des deux partis du pouvoir, eux-mêmes. Simple hasard de calendrier ou calcul de chapelles, ce qui est sûr, c'est que les deux hommes à la tête des partis de l'alliance présidentielle, ou ce qui en reste, ont étalé toute l'inimitié qui les sépare. Saadani, qui a déjà dit ouvertement tout le mal qu'il pense d'Ouyahia, a été le premier à sortir la grande artillerie contre les «faiseurs» de présidents et ceux qui nourrissent l'ambition d'accéder au fauteuil d'El Mouradia. Il descendra en flammes l'ex-patron du DRS, le général à la retraite Toufik, accusé d'être derrière tout ce qui se trame contre l'Algérie, ainsi que les généraux de la France, Rachid Nekkaz montré comme une personne ramenée (de France) par Toufik pour jouer les perturbateurs aux dernières élections présidentielles et Abdelaziz Belkhadem, dont la famille entière a été la cible de ses attaques, laissant entendre qu'ils sont tous du parti de la France.

Cette France qui, selon Saadani, doit comprendre maintenant qu'elle a en face des institutions avec lesquelles elle doit traiter de toute question pouvant engager les deux pays. Constant dans ses positions, l'ex-patron du DRS n'a pas réagi à cette énième attaque frontale du SG du FLN. Mais les deux autres hommes politiques cités par Saadani sont immédiatement montés au créneau, l'un (Nekkaz) promettant d'intenter contre lui une action en justice s'il ne s'empresse pas de présenter ses excuses (avant le 1er novembre), et le second en qualifiant à chaud son discours d'ordurier et en appelant par la suite les militants du FLN à le chasser du parti. Puis vint la sortie, attendue, du SG du RND. Ahmed Ouyahia, égal à lui-même, telle une anguille dans ce gotha politique, a encensé tout le monde ou presque. Même Saadani, «qui ne lui fait pas confiance» (dixit Ouyahia), ne sera pas trop dérangé et ses déclarations ne seront pas commentées, du moins pas directement. Bien sûr, Ouyahia n'a pas manqué de montrer qu'il se trouve à l'autre bout des positions de Saadani, exprimant un respect immuable pour Belkhadem et considérant l'ex-patron du DRS loin des coups tordus contre le pays, «menés de l'extérieur et de l'intérieur». Ouyahia n'a pas raté l'occasion de faire une petite remarque, montrant son étonnement, sur le cas des ambassadeurs et du patron de Sonatrach qui devraient, selon sa vision, figurer sur la liste des postes interdits pour les doubles nationalités et qui n'ont pas été mentionnés. Quand on sait que cette question (double nationalité) divise les leaders du FLN et du RND, on peut aisément comprendre qui est visé par la flèche. En tout cas, rien ne peut concilier les deux hommes, et l'approche des élections présidentielles attiserait le feu qui couve dans les cendres. Parce que les élections locales et législatives ne sont qu'un prélude à la présidentielle, la bataille engagée d'une manière précoce entre les deux hommes illustre parfaitement les divisions en haut de la pyramide sur la question de la succession, en 2019, à la tête de la magistrature suprême.