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Mohammed VI courtise l'organisation «tam-tam»

par Kharroubi Habib

Dans un message qu'il a envoyé hier à ses homologues réunis à Kigali au Rwanda dans le cadre du sommet de l'Union africaine (UA), le souverain marocain leur a fait part de la volonté de son pays de réintégrer l'organisation dont, pour rappel, il s'est retiré en 1984 en réaction contre la reconnaissance de l'indépendance du Sahara occidental. Mohammed VI n'a officialisé l'intention de son pays qu'après s'être assuré qu'il n'y aura pas de majorité bloquante contre elle.

Le retour du Maroc au sein de l'Union africaine ne pose pas problème du moment que ses dirigeants ne posent pas de conditions et surtout pas celle de l'exclusion de la RASD qui en est membre. Le sachant, le monarque marocain a pourtant opéré un revirement diplomatique dont il résultera que lui ou ses représentants siègeront désormais dans les réunions et rencontres de l'Union africaine en présence de ceux de la RASD dont ils nient l'existence. Il s'est résolu à cette situation au constat que la politique de la chaise vide pratiquée par son pays s'agissant de l'organisation panafricaine a été contre-productive pour son dessein concernant le Sahara occidental.

Contrairement à feu son père le roi Hassan II, il semble s'être avisé que l'UA n'est pas l'organisation « tam-tam » comme celui-ci l'avait qualifiée en claquant sa porte en 1984 mais une instance continentale dont les prises de positions sont de plus en plus prises en considération par le concert international. C'est pourquoi peu après que Mohammed VI ait été intronisé, la diplomatie marocaine n'a eu de cesse d'activer dans les coulisses des sommets et autres rencontres diplomatiques de l'Union africaine et de s'adonner à un travail d'influence et à la pratique de pressions pour tenter d'infléchir les positions de ses membres sur le Sahara occidental en faveur de la thèse marocaine de l'appartenance au royaume du territoire sahraoui. Pour l'Algérie, le retour du Maroc au sein de l'Union africaine n'équivaut nullement à une défaite diplomatique comme tenteront de suggérer les stipendiés du Makhzen. Il fera au contraire apparaître que le revirement diplomatique du royaume ayant conduit est une preuve de plus du comportement irrationnel et intempestif des autorités marocaines sur la question du Sahara occidental qui est de refuser ou d'accepter une chose à un moment et de faire le contraire à un autre.

L'Algérie que le Maroc a préalablement informée de sa volonté de reprendre sa place au sein de l'Union africaine n'y a pas fait objection. Ce qui ne sous-entend pas qu'elle va rompre avec sa position sur le dossier du Sahara occidental qui est que tout serait acceptable pour elle à la condition que cela soit exprimé et entériné par le peuple sahraoui à travers le référendum d'autodétermination. C'est ce qu'elle continuera à défendre dans les enceintes de l'Union africaine que la chaise du Maroc soit occupée ou non.